À Kinshasa, capitale congolaise de plus de 17 millions d'habitants, un besoin fondamental reste négligé, celui de l'accès à des toilettes publiques. Cette carence est d’autant plus visible aux abords du grand marché “Zando”, où l'absence d'infrastructures sanitaires oblige la population à des compromis dangereux pour la santé et la dignité humaine.
Sur les avenues Du commerce et Tombalbaye, principales entrées du Marché central, le constat est accablant. "Il y a des gens qui mangent en plein air et d'autres qui font leurs besoins en plein jour", décrit un observateur. Pour se soulager, les habitants n'ont pas d'autre choix que de "recourir aux murs où se cacher derrière un des véhicules stationnés sur le lieu, malgré l'interdiction". Il n'existe pratiquement pas de toilettes publiques sur ces deux avenues, ni aux environs.
Cependant, l'accès aux installations de nombreux magasins environnants est réservé seulement aux ouvriers. Par contre, dans les stations à essence dans les environs, l'accès aux toilettes est conditionné au paiement des frais. À l'intérieur du marché central, l'administration dispose de quelques toilettes publiques comme sur l'avenue Rwakadingi et le croisement des avenues Bokassa et Kabambare, mais en mauvais état.
"Faute d'entretien, ces installations dégagent une odeur nauséabonde qui indispose vendeurs ambulants et usagers des transports en commun. Pourtant, les gestionnaires perçoivent quotidiennement des frais d'utilisation, sans que cela ne se traduise par un entretien régulier", témoigne un usager.
Seules quelques initiatives privées apportent une lueur d'espoir. Sur les avenues Luvua et Itaga, il existe des toilettes soigneusement conservées. Mais l'accès reste une aubaine pour certains, ne disposant pas de frais exigés pour l'usage.
La situation devient particulièrement critique à la tombée de la nuit. Profitant de l'obscurité, certains passants, les sans-abris et les badauds, urinent et défèquent à ciel ouvert aux bords des artères, si bien qu'au lever du jour, certaines rues dégagent des odeurs insupportables. Cette pollution sanitaire expose les usagers à des risques sanitaires graves, notamment la fièvre typhoïde, pour les personnes qui attendent les bus et taxis dans ces zones contaminées.
Mbaya Honoré, stagiaire Unisic