La galerie d’art congolaise Malabo a pris part à 18ème édition de la foire d’art contemporain de Johannesburg en Afrique du Sud, du 4 au 7 septembre dernier. Pour cette deuxième fois de suite, après la 17ème édition de 2024, cet espace culturel a présenté deux artistes dont les origines et les démarches artistiques forcent un brassage culturel, une sorte de pont pour voir le monde différemment à travers un dialogue artistique.
Les artistes qui ont exposé sont Francis Mampuya et Jean-Claude Desmerges. Les deux artistes, respectivement congolais et français, dans l’esprit de cette exposition, ont voulu déjouer bien des pronostics. Tel que le crash des civilisations, en proposant une passerelle pour une meilleure communication dans la différence.
« Il est important pour nous en tant que galerie basée à Kinshasa- nous ne sommes pas nombreux dans le pays- de pouvoir présenter la force des artistes congolaises et de servir de véhicule pour des dialogues artistiques interculturels », a indiqué Arielle Edoumou-Baramoto, gérante de la galerie.
La 18ème édition de la foire de Johannesburg s’est tenue dans le quartier de Sandton (Sandton Convention Center) jusqu’au dimanche 7 septembre. C’est une des plus anciennes et prestigieuses foires d’art contemporain en Afrique. En 2024, la galerie Malabo a présenté les œuvres de trois artistes-peintres congolais, Doudou Mbemba, Patrick Lomaliza et Francis Mampuya, une première participation positive, selon les responsables de la galerie.
« Nous considérons toujours ces genres d’événements comme un bilan positif et qui va au-delà des œuvres qui sont exposées. Cette foire est vraiment ancienne et à chaque fois que nous allons représenter des artistes congolais, c’est positif. Ça fait deux années de suite qu’on y va et on a un très bon retour de ceux qui visitent nos stands. Nous sommes en train de planter les graines d’une galerie qui se veut clé dans la promotion des artistes congolais », a ajouté Arielle Edoumou-Baramoto à ACTUALITE.CD
Regard croisé entre Francis Mampuya et Jean-Claude Desmerges
Francis Mampuya, artiste kinois et cofondateur du mouvement « Librisme », revendique une liberté absolue dans sa démarche créative. Refusant les carcans académiques, il fait de l’art le souffle même de l’âme, un espace où la pensée se déploie sans entraves. Peinture, sculpture, collage, encre végétale ou objets recyclés deviennent autant de langages pour dire l’essentiel, pour capturer cette vibration intime qui relie l’homme à son monde intérieur.
Son univers, oscillant entre abstraction allusive et figuration, se nourrit de contrastes. Des couleurs flamboyantes affrontent des gestes instinctifs, des formes éclatées s’assemblent dans un désordre savamment orchestré. De ce chaos naît une harmonie secrète, un miroir de la vie contemporaine et de ses tensions. À travers ses toiles et dessins, Mampuya ne raconte pas, il murmure à chacun une vision poétique du monde, où l’écho des complexités humaines se fait universel.
Quant à Jean-Claude Desmerges, il est un voyageur insaisissable, qui vit et crée là où le vent le pousse. Déraciné de son identité française, il a trouvé en Afrique un terrain fertile pour son inspiration, une rencontre inattendue sur une plage ivoirienne en 2021 a ouvert la voie à une collaboration artistique avec la galerie Malabo. Depuis 2019, il sillonne le continent, des ruelles vibrantes de Casamance aux profondeurs minières de Kolwezi, observant, écoutant, recueillant la matière brute de ses œuvres dans le quotidien des lieux et des hommes.
Son langage est du papier, du charbon, et un contact direct avec le monde qui l’entoure, souvent assis à même le sol, au milieu des bruits et des mouvements de la rue. En 2025, l’Afrique du Sud devient son nouveau terrain de jeu, les sons et visages de Johannesburg s’invitant dans ses créations. Les œuvres nées de ces instants – parfois dessinées le jour même – ont été exposées comme autant de fragments d’humanité glanés au fil de ses errances.