Procès Roger Lumbala à Paris : la responsabilité de l’ex-chef rebelle interrogée à la première semaine d’audition des victimes

La Cour d’assises de Paris entame ce lundi 1er décembre la deuxième semaine  d’audition des victimes et témoins des crimes contre l’humanité dont Roger Lumbala est accusé d’avoir été complice alors qu’il dirigeaient le RCD-N, une rébellion dont les éléments s’étaient illustrés par des cas de meurtres, de viols, de torture et des pillages contre des civils dans la région de Bafwasende, Epulu, Mambasa et Isuri dans l’ex-province orientale. Une dizaine de victimes et témoins ont défilé la semaine dernière devant les juges et jurés, et d’autres sont attendus cette semaine. La Cour tente de situer la responsabilité de Roger Lumbala qui boude toujours son procès. 

Claude Sengenya, notre envoyé spécial à Paris

Cette semaine du 1er décembre, d’autres victimes, témoins et experts seront entendus, les uns en présentiel, d’autres par visioconférence depuis Bunia ou Kinshasa. Ils témoigneront des crimes vécus ou subis, alors que les experts, notamment des médecins et psychologues, présenteront eux, leurs rapports d’expertise sur l’état des victimes et témoins cités par le ministère public. Visiblement, la Cour d’assise cherche à comprendre le niveau d’affecte des victimes et témoins dont une dizaine a défilé la semaine dernière pour témoigner contre Roger Lumbala. Malgré son absence aux audiences, ces hommes et femmes vénus de Mambasa et Epulu ont témoigné des actes de pillages, de meurtres, des tortures et des viols orchestrés par les militaires du RCD-N de Roger Lumbala qui menaient entre 2002 et 2003, avec l’appui du MLC de Jean-Pierre Bemba, la controversée opération «Effacer le tableau», en vue de conquérir l’espace jadis occupé par le RCD-KML de Mbusa Nyamwisi. 

La responsabilité de Lumbala

La première semaine d’audition des victimes a été émaillée des huis clos pour ce qui est des victimes de viols. La grande visée de la Cour était de comprendre la responsabilité de Lumbala qui a, devant les juges d’instructions, argué qu’il agissait sous le commandement du MLC. Au-delà des témoignages des victimes qui ont affirmé l’avoir vu apporté des renforts militaires à ses hommes à Mambasa, Epulu et Isiro, la Cour a exploité des articles de presse, notamment des journaux congolais Les coulisses, Le millénaire, La Colombe Plus  ainsi que ceux de la presse ougandaise et des médias internationaux dont RFI, dans lesquels Roger Lumbala se présentait comme étant le responsable du RCD-N. Dans un article lu à l’audience, Roger Lumbala revendiquait d’ailleurs la paternité des militaires d’ «Effacer le tableau». «Si ces troupes n’étaient pas du RCD-N, elles n’allaient jamais accepter d’aller se faire tuer pour moi», affirmait-il à un journaliste. 

La Cour a également auditionné un journal de RFI dans lequel intervenait Mbusa Nyamwisi et Roger Lumbala qui se réjouissaient d’un accord de cessez-le-feu signé par le RCD-KML, le RCD-N et le MLC à Gbadolite, sous la facilitation des Etats membres du Conseil de sécurité des Nations Unies, attestant par ce fait que le RCD-N agissait de manière autonome, et non sous-couvert du MLC. Mais avant comme pendant l’appui du MLC, les militaires d’ «Effacer le tableau» avaient commis des crimes. Parmi les premiers à les dénoncer figure l’évêque du diocèse de Butembo-Beni qui, selon la presse exploitée à l’audience du vendredi, révélait des cas de cannibalisme.