La ville de Goma, capitale provinciale du Nord-Kivu a accueilli le lundi 11 août, la deuxième édition de Best of Congo Cooperatives. Cette année, vingt coopératives provenant du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, des provinces durement affectées par les conflits, ont pris part à cet événement. Elles viennent des localités telles que Kabare, Kalehe, et Idjwi, ainsi que des territoires du Sud-Kivu et du Nord-Kivu, dont Masisi, Rutshuru, Beni, Lubero, et les villes de Beni et de Butembo.
Cet événement démontre encore une fois la résilience des acteurs du secteur caféier en République Démocratique du Congo (RDC), malgré les défis sécuritaires accrus auxquels les provinces de l’Est font face ces derniers mois.
Ghislain Mupenzi Kamondo, directeur exécutif de CongoAgri et co-organisateur de l’événement avec African Coffee Connect, souligne l’importance de promouvoir le café congolais qui souffre d’une absence sur le marché international, malgré sa qualité essentielle.
D'après M. Kamondo, les coopératives sont confrontées à de nombreux défis : accès limité au financement, coûts bancaires élevés, logistique complexe due à des infrastructures déficientes, coût de certification élevé et chaîne de valeur mal structurée. Ces obstacles entravent la croissance du café congolais et impactent sa traçabilité.
« D’abord, Best of Congo Coopératives est un événement annuel qui comprend une conférence et un concours de qualité du café congolais. Il est généralement organisé à Goma, bien que l’an dernier, il ait eu lieu à Londres. Cette conférence rassemble les coopératives du Nord et du Sud-Kivu afin qu’elles puissent proposer des micro-lots, qui sont ensuite dégustés par un jury. À l’issue de ces dégustations, les lots retenus sont mis en vente lors d’une enchère internationale.
Cette année, Best of Congo se tient dans un contexte très particulier, marqué par la guerre. Le conflit a éclaté au tout début de la campagne agricole. Les coopératives avaient perdu tout espoir de produire, d’autant plus que les banques étaient fermées et que les acheteurs hésitaient à signer des contrats. C’est dans ce contexte que Congo Agri a réussi à mobiliser les coopératives pour qu’elles produisent, même en petite quantité, et ainsi proposer de nouveaux lots sur le marché international », a-t-il déclaré.
Malgré ces défis, cette année, le café provenant de ces coopératives est proposé au marché américain. Cependant, le début de la campagne agricole, marqué par des conflits, a constitué un frein majeur pour les producteurs de café.
Le thème choisi pour cette édition, « La résilience du secteur du café face aux défis sécuritaires et socio-économiques », souligne la nécessité de minimiser les challenges rencontrés durant la campagne agricole. CongoAgri et African Coffee Connect portent la responsabilité de valoriser ce café de qualité sur le marché international. Ghislain Kamondo précise que des pays comme le Brésil et l’Indonésie, aux côtés de la RDC, disposent d’un grand potentiel de production, surtout avec l’énorme superficie forestière du pays.
À l'issue du concours, les trois ou quatre meilleurs cafés seront vendus aux enchères, pour encourager les caféiculteurs à produire davantage, malgré un contexte sécuritaire difficile. De plus, toutes les problématiques du secteur, y compris les nouvelles réglementations de l’Union Européenne, seront abordées pour aider les intervenants à mieux naviguer dans ce paysage complexe.
Josué Mutanava, à Goma