Rutshuru : encore des habitants contraints par l'AFC/M23 de quitter leurs villages dans la chefferie de Bwito au motif qu'il s'agit d'une zone opérationnelle

Les habitants de Sake fuyant vers Goma (Illustration)
Les habitants de Sake fuyant vers Goma (Illustration)

Plusieurs milliers d'habitants du groupement Mutanda, dans la chefferie de Bwito, (territoire de Rutshuru) au Nord-Kivu sont de nouveau contraints par l’AFC/M23 de quitter endéans cinq jours, leurs villages au motif qu'il s'agit d'une zone opérationnelle.  Selon des sources locales, il est demandé à la population du milieu d'aller plutôt se concentrer à Kibizi, Kikuku, Nyanzale et Bwalanda où elle n'a aucun moyen de survie.

« Le M23 demande à la population du groupement Mutanda de quitter le plus tôt possible les villages. Un délai de cinq jours a été accordé à cette population depuis mercredi dernier lors d'un meeting tenu au village Lwahurukebene, chef-lieu du groupement et même le symbole de la chefferie de Bwito. Mutanda est un grenier de la zone. La population vaquait à ses activités champêtres sur toutes les collines surplombant cette agglomération stratégique. On a demandé à la population d'aller là où elle n'a aucune source de revenu », témoigne un acteur de la société civile locale.

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Cette pratique est devenue récurrente dans la région où les rebelles de l’AFC/M23 mènent des opérations ciblées contre les combattants hutus rwandais FDLR.

« Nous lançons un cri d'alarme pour que la communauté internationale puisse demander aux belligérants de respecter le droit international humanitaire afin de préserver les vies de toutes ces personnes qui sont tuées, violées, torturées et dont les biens sont pillés » recommande un notable et défenseur des droits humains dans le territoire de Rutshuru.

D’autres sources dans la zone rapportent la mort par balle, mercredi dernier, de trois personnes dont un enfant dans le site minier de la Société minière du Kivu, SOMIKIVU, toujours dans la chefferie de Bwito.

Le rapport du Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme rendu public fin juillet 2025, fait état de la mort de près 319 personnes dans une zone sous contrôle des rebelles de l’AFC/M23. Plus précisément dans le groupement Binza, chefferie de Bwisha (Rutshuru) où les rebelles mènent des opérations contre les combattants hutus rwandais FDLR. La plupart des victimes seraient des agriculteurs, selon l’ONU.

Ce rapport du BCNUDH, salué par le gouvernement congolais, a été contesté par la rébellion de l’AFC/M23.