RDC-Lubero : plus de 5 000 enfants privés de scolarité en 2024-2025 en raison de l’activisme des ADF et de l’AFC/M23

Photo actualite.cd
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Plusieurs écoles du Nord-Kivu ont clôturé l’année scolaire 2024-2025 au début de ce mois d’août suite aux difficultés calendaires, mais dans le groupement de Mwenye, plus de 5 000 enfants ont été privés de l'éducation à cause de l'insécurité qui sévit dans cette partie du territoire de Lubero. Cette situation a été révélée par le conseil local de la jeunesse qui la justifie par des multiples attaques des islamistes ADF en janvier ciblant plusieurs villages.

Plusieurs familles de cette entité, craignant pour leur sécurité, ont été contraintes de fuir, laissant les écoles derrière elles. Certaines salles de classe se sont même transformées en camps pour les miliciens wazalendo, compliquant davantage la situation.

Prince Kasyano, président du conseil local de la jeunesse, appelle à l'intervention urgente de la coalition FARDC-UPDF pour sécuriser la zone et relocaliser les positions militaires loin des établissements scolaires, afin de permettre le retour des enfants.

« L’année scolaire écoulée a été fortement perturbée dans notre groupement. D’abord par une grève prolongée des enseignants, ensuite par l’insécurité persistante qui a provoqué plusieurs déplacements massifs de la population. Cette double crise a eu des conséquences graves sur le déroulement des cours, affectant non seulement les élèves, mais aussi les enseignants. Les parents, majoritairement cultivateurs, n’ont pas pu accéder à leurs champs en raison de l’insécurité, ce qui les a empêchés de subvenir correctement aux besoins scolaires de leurs enfants. Résultat : plus de 5 000 élèves ont abandonné l’école. 

Un chiffre alarmant. Les jeunes, quant à eux, ont été profondément marqués sur le plan psychologique. Face à cette situation, les habitants plaident pour un renforcement sécuritaire, notamment par l’installation de militaires dans la zone pour garantir la protection de la population. Nous recommandons aussi la délocalisation des positions des groupes armés dits "Wazalendo", stationnés près des établissements scolaires, comme à Ankere, Maoussa, Mandilia ou encore Biamboui. Cette mesure permettrait de rétablir un climat propice à une rentrée scolaire paisible et stable. », a-t-il fait savoir.

Dans la sous-division de Njiapanda, environ 60 % des écoles sont restées fermées en raison des craintes suscitées par les combattants ADF. Une enseignante a souligné à ACTUALITÉ.CD que même lorsque les cours se poursuivaient, les élèves peinaient à se concentrer car affectés par les déplacements constants et la peur entretenue par les affrontements entre les rebelles de l’AFC/M23 et les forces armées.

Un directeur d'une école primaire, s'exprimant sous couvert d'anonymat, a révélé à ACTUALITÉ.CD que les écoles qui ont été les plus touchées ne reçoivent pas de soutien du gouvernement congolais. Il lance un appel aux dirigeants de l'Enseignement Primaire, Secondaire et Technique (EPST) pour faciliter le retour des éducateurs dans la région afin de restaurer les activités scolaires l'année prochaine.

« Depuis la fermeture de plus de dix écoles primaires et secondaires l’année passée, plus de 5 000 enfants sont privés d’éducation et restent hébergés dans leurs familles. Une accalmie imposée par les services de sécurité règne actuellement. Hélas, les écoles demeurent fermées, ce qui constitue un danger pour ces enfants.

Les enseignants et leurs responsables travaillent ailleurs. Que la hiérarchie leur facilite le retour à Vuyinga et Mabambi, désormais sous contrôle des forces de sécurité, afin d’encadrer les enfants désœuvrés.

Toutes les écoles primaires et secondaires subventionnées par l’État ont été délocalisées, avec les apprenants, jusqu’à Malende, en attendant le retour de la paix à Vuyinga.

Ceux qui sont restés sur place seraient les enfants des écoles non subventionnées. Mais espérons que, d’ici là, la situation s’améliorera », a-t-il déclaré.

D'après la ministre de l'Éducation, Raïssa Malu Dinanga, le conflit a entraîné la fermeture de 2 594 écoles dans l’est du pays, affectant plus d’un million d’enfants. Dans les zones contrôlées par l’AFC/M23, une reprise partielle des cours a été tentée, mais souvent dans des conditions non conformes aux normes éducatives.

L'UNICEF, dans un rapport alarmant, estime qu'environ 1,6 million d'enfants sont déscolarisés dans les provinces de l'Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, dont 795 000 rien que depuis le début de 2025, la majorité étant des déplacés internes. La situation demeure critique et nécessite des interventions immédiates pour protéger l'éducation de ces enfants.

Josué Mutanava, à Goma