Est de la RDC: des évadés devenus des combattants de l’AFC/M23 agissent en représailles contre ceux qui ont oeuvré pour leur mise en accusation ou condamnation, s’inquiète TRIAL International 

Les rebelles du M23 à Goma
Les rebelles du M23 à Goma

Dans un communiqué rendu public le 18 juin dernier, l’ONG TRIAL International a exprimé toute son inquiétude sur la situation des personnes victimes ou défenseuses des droits humains en RDC. Elle dit constater une vague de représailles depuis les évasions massives des prisons du Nord-Kivu fin janvier et du Sud-Kivu en février dernier. En effet, rapporte l’ONG, plusieurs évadés ont vite intégré les rangs de la rébellion de l’AFC/M23 et participent désormais aux combats. 

« Plusieurs évadés, condamnés ou poursuivis pour crimes internationaux, ont rapidement rejoint des groupes armés, notamment le M23 et les milices Wazalendo, et participent activement aux affrontements. Nous dénonçons les meurtres, menaces de mort, tortures, viols et extorsions qui visent celles et ceux ayant contribué à leur mise en accusation ou condamnation », indique TRIAL International.

A Goma, plus de 4 000 détenus s’étaient évadés de la prison de Munzenze quelques jours avant la prise de la ville par l’AFC/M23. A Bukavu et Uvira aussi les détenus s’étaient évadés laissant les prisons vides. 

L’ONG suisse tire cette sonnette d’alarme avec pincement au cœur car depuis plus de 10 ans, elle accompagne les victimes de crimes internationaux dans l’est de la RDC, en soutenant leur accès à la justice et leur participation aux procédures judiciaires. Aux côtés de ses partenaires congolais, TRIAL a déjà assisté plus de 150 personnes. Mais les besoins restent immenses, estime-t-elle, les mécanismes de protection existants avant la crise n’étant plus opérationnels.

« La MONUSCO, la Mission d’établissement des faits, et le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies doivent renforcer de toute urgence les mesures de protection ciblées à l’égard des victimes et des défenseurs·euses ayant contribué aux procédures judiciaires, en coordination étroite avec les acteurs de terrain », souligne Daniele Perissi, Responsable du Programme RDC pour TRIAL International.

L’ONG prévient par ailleurs que la justice ne peut exister sans protection réelle et durable de celles et ceux qui y contribuent. TRIAL International exhorte les autorités congolaises et les partenaires internationaux à identifier, poursuivre et sanctionner les auteurs de ces menaces et violences.

TRIAL International est une organisation non gouvernementale (ONG) suisse, fondée en 2002 et basée à Genève. Son rôle central est de lutter contre l'impunité des crimes les plus graves définis par le droit international, et de soutenir les victimes de ces crimes dans leur quête de justice. Elle est une actrice clé dans la promotion de la justice et la défense des droits humains à l'échelle mondiale, cherchant à garantir que les crimes les plus graves ne restent pas impunis et que les victimes obtiennent des réparations.

Kuzamba Mbuangu