Kinshasa : le député Aubin Mukanu adresse une question orale avec débat au gouverneur Daniel Bumba sur la gestion de la capitale

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Daniel Bumba Lubaki, gouverneur de la ville de Kinshasa

Après un séjour dans le Lualaba, le député provincial Aubin MUKANU revient avec des comparaisons amères. Face aux réalisations de Fifi Masuka dans sa province, l’élu de Mont Ngafula exige des comptes au Gouverneur de Kinshasa, Daniel Bumba, sur la gestion des moyens mis à sa disposition.

Kinshasa, capitale aux contrastes criants. Alors que certaines provinces, comme le Lualaba, parviennent à ériger des infrastructures modernes avec leurs moyens propres, la capitale congolaise peine à se doter d’une politique urbaine cohérente. Des morts à répétition après chaque pluie, une insalubrité galopante, des routes impraticables, une sécurité précaire : voilà le tableau que dresse le député provincial Aubin MUKANU, déterminé à exiger des réponses.

De retour d’une mission officielle dans le cadre de la 12e Conférence des Gouverneurs, l’élu a déposé une question orale avec débat adressée au Gouverneur Daniel Bumba Lubaki, pour une évaluation à mi-mandat de son programme quinquennal. Le ton est grave, les accusations précises, et la démarche assumée :

« Il est temps de savoir d’où vient la ville, où elle en est, et où elle va », lance Aubin MUKANU.

Alors que la session parlementaire touche à sa fin, le député attend de pied ferme les explications de l’exécutif provincial. En ligne de mire : la mise en œuvre du programme « Kinshasa Ezo Bonga », qui peine à produire des résultats tangibles, selon lui.

Des engagements, peu de résultats

Dans son argumentaire, le député évoque un large éventail de dysfonctionnements :
    •    L’absence de stratégie contre les embouteillages ;
    •    Des routes en chantier qui n’en finissent pas, ou déjà en dégradation ;
    •    Une gestion incertaine des recettes provinciales, avec des arriérés de paiement ;
    •    Des écoles et hôpitaux manquant cruellement d’infrastructures et d’équipements ;
    •    Une insalubrité généralisée, aggravée par l’absence de politique efficace sur les déchets plastiques ;
    •    Une insécurité grandissante, alimentée par le banditisme urbain et le manque d’effectifs policiers.

Le député évoque aussi le retard dans la livraison du Marché central, les fonds de rétrocession mal expliqués, la non-mise en œuvre des zones agro-industrielles, ou encore la quasi-absence d’un guichet unique pour la gestion financière de la ville, pourtant promis dans le programme de campagne de Daniel Bumba.

Une interpellation politique à fort enjeu

Cette interpellation intervient dans un contexte où l’Assemblée provinciale semble reprendre son rôle de contrôle, longtemps perçu comme effacé. La sortie de MUKANU, nourrie d’exemples concrets, met le Gouverneur face à une série de 22 questions précises, portant aussi bien sur les finances, les services sociaux, l’emploi, que la gouvernance générale.

« La réussite de ce mandat est un héritage collectif », rappelle-t-il, tout en signalant que la majorité des élus sont prêts à soutenir le gouvernement… si celui-ci produit des résultats.

Et maintenant ?

Cette offensive parlementaire pourrait bien relancer le débat sur la redevabilité de l’exécutif provincial, alors que la grogne populaire ne cesse de monter dans plusieurs quartiers de Kinshasa. Les prochains jours diront si le Gouverneur saura convaincre par ses réponses… ou s’il devra faire face à une pression politique grandissante.

Une chose est certaine : la capitale, malgré ses chantiers visibles, reste encore loin du rêve d’une ville « moderne, salubre et sécurisée ».