Gratuité de la maternité: Monkole déjà payé, le ministre de la santé évoque des contraintes sécuritaires à la base du retard de paiement mais rassure quant à la poursuite du programme dans toutes les structures conventionnées

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Le centre Monkole à Kinshasa a annoncé la suspension temporaire de ses services gratuits de maternité et néonatalogie assurés via la convention avec le Fonds de Solidarité de Santé dans le cadre du programme de la Couverture Santé Universelle en République Démocratique du Congo. Son directeur général a, dans un communiqué, justifié cet arrêt de service par le non-respect des engagements pris par le Fonds de Solidarité de Santé, notamment des arriérés de paiement depuis octobre 2024.

À la suite des travaux de la 12e session de la conférence des gouverneurs axée sur la couverture santé universelle (CSU), le ministre de la Santé Publique, Samuel Roger Kamba a justifié certains retards par des contraintes de trésorerie liées à la guerre mais rassure quant à la poursuite de ce programme.

"Le programme de la gratuité de la maternité continue dans toutes les structures qui étaient conventionnées avec le gouvernement, donc même l'hôpital de Monkole. Personne n'ignore les difficultés financières, nous avons été confrontés à des difficultés financières à cause de la guerre d'agression rwandaise qui a amené le ministre des finances à faire un moment des priorités qui ont fait qu'il y a eu certains retards mais même dans ce retard le gouvernement a toujours fait des efforts", a dit le ministre de la santé vendredi 13 juin 2025 à Kolwezi.

Abordant spécifiquement le cas de l'hôpital Monkole, Samuel Roger Kamba a révélé que des fonds ont été déjà versés dans le compte de l'hôpital Monkole et des efforts sont en cours pour apurer d'autres arriérés pour la poursuite du programme.

"Monkole a écrit que depuis octobre ils n'ont rien reçu mais cette information est complètement fausse parce que le Fonds de Solidarité a réécrit à Monkole et nous avons décidé depuis le départ que tout l'argent de la gratuité passe par le système bancaire. Donc c'est traçable, si une structure a reçu l'argent c'est facile de demander la traçabilité et on a montré que Monkole, depuis le début de l'année en cinq mois a reçu 156.000 USD seule structure, je rappelle qu'on a plus de 330 structures à Kinshasa, Monkole est une des structures, ils ont reçu l'équivalent de 31.000 USD par mois", a souligné.

Le gouvernement veut capitaliser le “bilan réussi”

Pour le ministre Kamba, le pays ne peut plus faire marche arrière au regard des résultats escomptés depuis le lancement du programme.

"En 15 mois depuis que le Président de la République a lancé la gratuité de la maternité, plus de 2 millions de femmes ont accouché sans payer, en 15 mois leurs enfants sont nés et ont été pris en charge dont 50.000 ont été pris en charge en néonatologie. Une réforme réalisée en 15 mois certes avec beaucoup de difficultés mais est-ce que nous avons le choix ? Est-ce qu'on peut maintenant dire non la réforme est difficile, laissons les mamans payer ? Nous disons non", a martelé Samuel Roger Kamba.

Alternative pour ne plus dépendre totalement du trésor public

Selon le ministre Samuel Roger Kamba, de nouvelles dispositions ont été prises notamment les modalités de cotisation équitables : 2 % à la charge des employeurs et 0,5 % pour les travailleurs.

"Il y a désormais des cotisations équitables : 2% à la charge des employeurs et 0,5% pour les travailleurs. Cette réforme vise à élargir l’accès aux soins, renforcer la protection financière des ménages, et mobiliser des ressources domestiques pour réduire notre dépendance à l’aide internationale", a fait savoir le ministre de la Santé.

La gratuité de la maternité et de la prise en charge des nouveau-nés constituent le premier volet du programme de Couverture santé universelle (CSU). Depuis septembre 2023, cette gratuité a été instaurée à Kinshasa, puis étendue à ce jour dans 13 autres provinces ramenant le total à 14 sur 26 provinces. Au-delà du financement du gouvernement central, ce programme est également appuyé par la Banque Mondiale. 

Clément MUAMBA