La résurgence de la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda a contribué à la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire dans l'Est de la République Démocratique du Congo. Depuis la prise des villes de Goma et Bukavu, l'administration publique s'est effondrée, les services d'état civil et foncier ont été dupliqués par les forces d'occupation, les infrastructures sociales de base (écoles, centres de santé, routes) ont été détruites, et les tensions intercommunautaires se sont intensifiées, menaçant dangereusement le tissu social. Face à cette dégradation dramatique de la situation sécuritaire et institutionnelle, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a adopté la Résolution 2773.
C'est dans ce contexte que la société civile congolaise, réunie au sein du Comité de Crise pour la Paix et la Sécurité en RDC, en partenariat avec la MONUSCO, a organisé la Quinzaine Citoyenne pour analyser ensemble la résolution, en comprendre les enjeux, et proposer un cadre d'appropriation citoyenne de son application. La Quinzaine Citoyenne s'inscrit comme un espace participatif, critique et constructif, permettant aux différents acteurs - société civile, Gouvernement, MONUSCO - de confronter leurs analyses, de clarifier les zones d'ombre de la résolution, d'en évaluer les implications réelles sur le terrain, et de définir un plan d'action citoyen pour sa mise en œuvre responsable et efficace.
"Préoccupés par les nombreux obstacles qui entravent la mise en œuvre effective de la résolution 2773 dans un contexte de persistance des violences armées, d'insécurité chronique, de détresse humanitaire et de défis de cohésion nationale, déterminés à ne plus subir des décisions prises sans notre participation active et à faire entendre la voix de la communauté à la base dans toutes les dynamiques de paix et de sécurité, nous affirmons avec force notre engagement en tant que société civile organisée à travers le Comité de crise pour la paix et la sécurité en RDC en nous approprier la résolution 2773 en tant qu'outil stratégique d'éveil citoyenne, d'analyse critique et de plaidoyer pour une paix durable en République Démocratique du Congo. Nous recommandons avec insistance au gouvernement de la République Démocratique du Congo de mettre en place sans délai un cadre de coordination inclusif associant le Comité de crise pour la paix et la sécurité appuyer et accélérer la mise en œuvre de la résolution 2773 en assurant transparence, redevabilité et participation citoyenne", a plaidé Patient Bashombe Matabishi, coordonnateur du Comité de Crise pour la Paix et la Sécurité (CCPS-RDC).
Cette structure qui regroupe des organisations de la société civile a rappelé au Conseil de sécurité des Nations-Unies la nécessité d'envisager également des mesures coercitives contre les différents acteurs à la base du blocage de la résolution 2773.
"Au Conseil de Sécurité de l'ONU : d'assurer le suivi rigoureux de l'application de la résolution 2773 notamment par des mécanismes de pression diplomatique, d'évaluation indépendante et en cas de besoin des sanctions ciblées contre les acteurs qui entravent la paix, de soutenir les efforts citoyens et communautaires de vulgarisation et de mise en œuvre de la résolution à travers un accompagnement technique, logistique, institutionnel et en synergie avec la Monusco. Nous appelons également la Monusco à renforcer son appui à la société civile organisée dans l'esprit d'un partenariat constructif et équilibré notamment à travers la mise à disposition des informations, des expertises et des opportunités de dialogue autour de la résolution 2773", a-t-il ajouté dans la déclaration.
De son côté, Kassimi Bamba, Chef de bureau/Chargé des affaires politiques à la"Vous, la société civile, vous avez un rôle à jouer en termes de plaidoyers, en termes d'actions, non seulement ici, une organisation entre vous, pourrait permettre d'influer sur la politique interne de vos États. MONUSCO-ONU a salué la démarche de la société civile. À l'en croire, l'adoption de la résolution 2773 reflète l'inquiétude de la communauté internationale face à la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire dans l'Est de la RDC.
"La résolution représente un effort diplomatique important pour résoudre la crise en RDC, à l'Est de la RDC en témoigne sa ferme condamnation du M23 et du Rwanda ainsi que l'accent mis sur les processus régionaux et la possibilité de prendre des nouvelles mesures en termes de sanctions. Tout ceci signale la position plus affirmée du Conseil de sécurité à apporter une solution définitive à la crise à l'Est de la République Démocratique du Congo. Toutefois, l'impact véritable de la résolution dépendra de sa mise en œuvre effective et de la volonté de tous les acteurs de donner la priorité à la paix et à la stabilité dans la région", a souligné le délégué de la Monusco.
Pour sa part, Valentin Makonga, Conseiller Politique de la Ministre d'État, ministre des Affaires Étrangères, Coopération Internationale et Francophonie est revenu sur les efforts consentis par le gouvernement pour aboutir à l'exécution de cette résolution. Il a salué l'engagement de la société civile à faire de cette résolution un outil de plaidoyer pour la paix en RDC.
"La résolution 2773 est une opportunité pour la République Démocratique du Congo afin de travailler réellement au retour de la paix dans notre pays et cette résolution a primauté sur toute autre initiative que nous pouvons rechercher sur la paix,il faudrait que toutes les initiatives s'alignent aux dispositions de cette résolution. Puisque nous avons cette résolution et il y a encore des défis pour sa mise en œuvre effective,pour l'optimisation de l'application de cette résolution,le gouvernement de la République compte sur le concours et l'implication de tous les acteurs et j'étais heureux d'entendre qu'il était temps pour la société civile de s'approprier les outils diplomatiques y compris la résolution 2773 puisque vous avez dit il faut en faire un outil de revendications collective", s'est-il réjoui lors de son intervention.
Adoptée en février 2025, la résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations Unies condamne fermement l’offensive du M23 et dénonce le soutien direct du Rwanda à ce groupe armé. Elle exige le retrait immédiat et sans condition des forces rwandaises du territoire congolais, la cessation immédiate des hostilités, le démantèlement des administrations illégales mises en place par le M23, et le retrait complet du M23 des villes de Goma, Bukavu et de toutes les autres zones occupées. L’objectif principal de cette résolution est de restaurer la paix et la sécurité en RDC, tout en garantissant le respect de sa souveraineté et de son intégrité territoriale.
Clément MUAMBA