La date du samedi 22 mars 2025 restera unique dans la carrière d’artiste slameuse de Do Nsoseme. Si c’était la énième fois de passer sur scène pour faire de la poésie, elle gardera tout de même bien des souvenirs pour ce concert à Texaf Bilembo, le tout premier après la sortie de son livre “Ngambo ya Congo”. Environ deux heures de spectacle, partagées avec quelques artistes invités, des messages sur la situation du pays et un engagement fort pour des causes sociales.
Avec ses textes, ses paroles coulées dans une poésie libre, sur fond d'instrumentale ou en a cappella, tout aussi détendue que touchée par les histoires qu’elle raconte, Do Nsoseme a fait la part belle au message plutôt qu’à l’ambiance de la musique. Calme et attentionnés, les participants ont suivi le rythme donné par l'artiste à l’honneur. De quoi lui donner un profond sentiment de gratitude.
“Voir cette salle remplie, sentir l’attention du public suspendue aux mots, et entendre les réactions après chaque texte m’a confirmé que le slam a sa place, qu’il touche et interpelle. Je ressens particulièrement une profonde reconnaissance envers tous ceux qui l’ont rendu possible”, indique Do Nsoseme à ACTUALITE.CD
Avec pour thème “J’attends” en référence au titre d’un de ses textes slam, Do Nsoseme est partie de cette œuvre éponyme à Météore, passant par “Mon SOS” ou encore “Ngambo ya Congo”. Ce qui la réjouit le plus, c’est le fait que le message porté soit bien passé auprès du public.
“Ce concert était une invitation à écouter autrement, à ressentir le Congo dans toute sa complexité. Les échanges après le spectacle m’ont montré que les questions soulevées dans mes textes ont touché plusieurs”, souligne Do Nsoseme.
Même quand la musique est plutôt dans un rythme dansant, l’ensemble du concert est dédié aux femmes qui subissent les atrocités dans l’Est de la RDC, mais pas que.
“Je dédie cette réussite à toutes les femmes prises aux pièges à l’est du pays à cause des conflits et au-delà même de l’est, toutes les femmes congolaises dans les zones de conflits, parce que ce n’est pas qu’à l’est, les conflits touchent aussi le grand Bandundu. Et bien sûr à mon pays, le Congo, qui est au cœur de mes écrits”, ajoute Do.
Avec dans le public, des artistes, des amoureux de la littérature, des fans et bien d’autres, la programmation avait aussi pour but de mettre en avant les prouesses des femmes et leur résilience face aux difficultés du monde et de la RDC en particulier. Yekima de Bel Art, Céline Banza, Alesh, Henri Kalama, pour ne citer que ceux, ont pris part à ce concert de Do Nsoseme.
“La femme congolaise est résiliente, puissante, créative. Mais elle fait encore face à de nombreux défis. À travers mes textes et la présence des artistes féminines dans le concert, je voulais mettre en avant cette réalité : la nécessité d’être écoutées, respectées, et de prendre toute notre place dans l’espace public, artistique et politique”, affirme l’artiste.
Déborah Ango, Benk Kumbi, Bila Daniel, Apphie-M, Rhema Cèdre, Wisdom Kuzamba et Nathalie Sala sont autant d'artistes qui ont accompagné Do Nsoseme tout au long de ce concert. Ceux-ci ont reçu juste avant, une visite de la ministre congolaise de la culture, des arts et du patrimoine. Elle a échangé avec eux sur l’importance de la culture en cette période de crise dans le pays.
“C’était une belle surprise et un honneur de recevoir son excellence la ministre Yolande Elebe. Son passage a été un signe fort de reconnaissance pour le slam et la poésie en tant qu’arts majeurs. Nous avons échangé sur l’importance de la culture dans la construction de notre société. Sentir ce soutien institutionnel nous rappelle que l’art a un rôle essentiel à jouer, et que notre voix porte plus loin qu’on ne le pense”, confie Do Nsoseme.
Do Nsoseme est une artiste slameuse engagée qui utilise le slam-poésie pour exprimer ses convictions et sensibiliser sur des enjeux de société en République Démocratique du Congo. À travers ses textes, elle aborde des thématiques fortes telles que les droits des femmes et des enfants, la consolidation de la paix et l’amour pour son pays, le Congo. Son art ne se limite pas à la performance scénique ; elle s’en sert comme un moyen de réflexion et de revendication, donnant ainsi une voix aux préoccupations de sa génération.
Depuis 2015, elle a participé à plusieurs projets d’envergure, notamment le programme « Slam our world » en 2017 avec le Théâtre Royal Flamand (KVS). En 2020, à l’occasion des 60 ans d’indépendance de la RDC, elle a sorti la vidéo du slam « Le Congo de demain », un texte qui analyse la situation sociopolitique du pays. En février 2021, elle a également dévoilé le single « Femme », rendant hommage aux travailleuses congolaises et rappelant l’importance de la lutte pour leurs droits.
Kuzamba Mbuangu