RDC-la maçonnerie au féminin: entretien avec Berthe Mbuyi-Kabulu, œuvrant à Mbujimayi

Photo/ droits tiers
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À 18 ans, Berthe Mbuyi-Kabulu, une jeune Congolaise, s’impose dans un domaine traditionnellement dominé par les hommes : la maçonnerie. Diplômée d'État en nutrition (édition 2023-2024), et passionnée par ce métier depuis son enfance, Berthe a su, grâce à sa détermination, surmonter les obstacles et ouvrir la voie à d’autres femmes dans ce secteur.

Bien que son parcours puisse sembler atypique, Berthe Mbuyi-Kabulu n’a jamais douté de sa vocation. "Depuis mon enfance, j’ai toujours été fascinée par la maçonnerie. J'aimais regarder les ouvriers travailler, et cela m’a donné envie de me lancer", explique-t-elle. Après avoir obtenu son diplôme d’État, Berthe s'inscrit à une formation courte dispensée par Enabel dans le cadre de son programme d'insertion des jeunes. Cette opportunité marque le début de son aventure dans le monde de la construction.

Les défis du métier

Travaillant dans ce secteur depuis environ six mois, Berthe a vite compris que sa route ne serait pas facile. "L’un des principaux défis auxquels j’ai dû faire face est d’être une femme dans un milieu masculin. Cependant, je n’ai jamais laissé les mauvaises pensées m'affecter. Je travaille en collaboration avec mes collègues hommes, et cela se passe bien", raconte-t-elle. Comme toute personne débutant dans un métier, elle a rencontré des difficultés, notamment liées à la distance et au manque de moyens de transport, mais sa persévérance l'a aidée à surmonter ces obstacles.

Contrairement à ce qu’elle aurait pu craindre, sa famille et sa communauté l’ont toujours soutenue. "Ma famille m’a encouragée et m’a soutenue, et ma communauté m’a toujours poussée à persévérer", confie-t-elle. Ce soutien lui a permis de surmonter les obstacles sociaux et culturels souvent rencontrés par les femmes dans ce type de profession.

Pour réussir dans ce métier, Berthe mise sur son courage, son activisme et sa persévérance. "Je ne crains pas la distance, et je suis toujours active sur les chantiers", précise-t-elle. Elle a également su s’adapter à son environnement de travail en développant diverses compétences et n’hésite pas à partager ses expériences avec ses amies lorsqu’elle en a l'occasion.
Mais pour Berthe, l’objectif ne s’arrête pas là. Elle rêve grand et souhaite aller plus loin. "Mon projet futur est de devenir ingénieure en maçonnerie", explique-t-elle. Une ambition claire et déterminée pour cette jeune femme qui se voit déjà en haut de l’échelle.

Bien que la maçonnerie ait longtemps été perçue comme un métier réservé aux hommes, Berthe Mbuyi-Kabulu constate que les choses commencent à évoluer, notamment à Mbujimayi. "Il y a eu un changement dans la perception des femmes dans ce domaine, même si les femmes qui m’ont précédée dans ce métier ne nous ont pas toujours transmis leur savoir", explique-t-elle, déplorant toutefois le manque de soutien des générations précédentes.
Elle encourage néanmoins les jeunes femmes qui hésitent à se lancer dans des métiers dits « masculins » à oser cette voie. "Il y a beaucoup de connaissances à découvrir, et réussir dans ce domaine est tout à fait possible avec de la détermination et du courage", conclut-elle.

Berthe Mbuyi-Kabulu suggère également des changements pour faciliter l’intégration des femmes dans ce secteur. "Il serait essentiel d’améliorer l’accès au transport pour les femmes maçons. Cela leur permettrait de mieux exercer leur métier sans rencontrer les obstacles liés à la distance", précise-t-elle.


Nancy Clémence Tshimueneka