Le Royaume-Uni a exprimé lundi sa "profonde préoccupation" face à l’escalade du conflit dans l’est de la République démocratique du Congo, dénonçant les récentes offensives du M23 et de l'armée rwandaise (RDF) comme une "violation inacceptable de la souveraineté et de l'intégrité territoriale" du pays.
Lors de sa visite en RDC et au Rwanda les 21 et 22 février, le chef de la diplomatie britannique a rencontré les présidents Félix Tshisekedi et Paul Kagame. Il leur a rappelé qu'"il ne peut y avoir de solution militaire au conflit" et a exigé "un cessez-le-feu immédiat". Londres exhorte les deux parties à s’engager "de manière sincère et de bonne foi" dans les processus de paix menés par l’Union africaine et les organisations régionales, notamment l’EAC et la SADC. Il appelle également à la mise en œuvre des engagements pris lors du sommet conjoint de ces deux organisations le 8 février dernier.
Sur le plan humanitaire, le gouvernement britannique alerte sur une situation "critique" avec près d'un million de personnes déplacées et des centaines de milliers d’autres en situation d’urgence. En réponse, le ministre des Affaires étrangères britannique a annoncé un nouveau programme d’aide de 14,6 millions de livres sterling pour soutenir les populations les plus touchées dans l’est de la RDC.
Face à l’intensification du conflit et à l’implication du Rwanda, le Royaume-Uni annonce une série de mesures de rétorsion à l’égard de Kigali. Il suspend la participation de ses hauts responsables aux événements officiels du gouvernement rwandais et réduit ses activités de promotion du commerce avec ce pays. L’aide financière bilatérale directe au Rwanda est gelée, à l’exception des fonds destinés aux populations les plus vulnérables. Londres indique par ailleurs qu’elle coordonne avec ses partenaires internationaux l’adoption éventuelle de nouvelles sanctions contre Kigali.
Dans le domaine de la défense, la coopération militaire entre les deux pays est également remise en question. Le Royaume-Uni suspend toute assistance en formation aux forces armées rwandaises et annonce une révision des licences d’exportation d’équipements destinés à la RDF.
Le gouvernement britannique insiste sur la nécessité d’une solution politique à la crise. "Le Rwanda peut avoir des préoccupations sécuritaires, mais il est inacceptable de les résoudre par la force", déclare un porte-parole. Londres encourage également Kinshasa à engager un dialogue "inclusif" qui intégrerait le M23, une position que le gouvernement congolais rejette jusqu’ici fermement.