L’Institut National de la Statistique (INS), en partenariat avec l’École de Santé Publique de l’Université de Kinshasa (ESPK), a récemment rendu public la troisième enquête démographique et de santé en République Démocratique du Congo (EDS-RDC III 2023-2024).
Ce travail met en lumière des aspects cruciaux de la vie des femmes congolaises, en particulier leur pouvoir d’action dans les domaines de l’emploi, des biens, des décisions domestiques et de l’accès aux soins de santé.
L’enquête révèle des disparités notables entre les hommes et les femmes en matière d’emploi et de rémunération. Bien que 70% des femmes de 15 à 49 ans en union aient travaillé au cours de l’année précédant l’enquête, ce chiffre reste inférieur à celui des hommes (94%). Parmi celles ayant trouvé un emploi, seulement 44% des femmes ont été payées exclusivement en argent, contre 60% des hommes. Et 18% des femmes n’ont pas été rémunérées pour leur travail, contre 10% des hommes.
Quant à l’utilisation de l'argent gagné, 28% des femmes ont déclaré être les principales décisionnaires de l'usage de leurs revenus, tandis que 47% partagent cette responsabilité avec leur conjoint. Cependant, plus de 70% des femmes ayant perçu un salaire en argent affirment gagner moins que leur mari.
Possession de biens : Des écarts marqués
L’enquête a révélé que 34% des femmes possèdent une maison, seule ou en co-propriété, comparé à 37% des hommes. De même, seulement 29% des femmes possèdent des terres, contre 33% des hommes. Les femmes sont également moins enclines à utiliser des services bancaires, avec seulement 3% d’entre elles ayant un compte bancaire contre 7% des hommes. Le fossé se creuse encore davantage concernant l’utilisation des technologies, comme le téléphone portable, où 53% des hommes en possèdent un contre 34% des femmes. Quant à l’utilisation de comptes bancaires ou de téléphones portables pour effectuer des transactions financières, 22% des femmes et 36% des hommes ont déclaré en avoir utilisé au moins un dans les 12 derniers mois.
L’EDS-RDC III a également sondé la participation des femmes en union dans des décisions importantes du ménage. Si 66% des femmes prennent part aux décisions relatives aux visites familiales, 65% participent aux choix d’achats importants et 55% à la gestion de leurs soins de santé; 24% des femmes ont révélé qu’elles ne participaient à aucune des trois décisions majeures mentionnées. La participation des femmes varie aussi en fonction des provinces, avec un minimum de 8% au Sankuru et un maximum de 65% en Ituri et au Sud-Kivu.
Selon l’enquête, l’accès aux soins de santé demeure un problème majeur pour près de 70% des femmes en RDC. Les obstacles cités par l’EDS-RDC III sont le manque d’argent pour se soigner (65%) et la distance jusqu’aux établissements de santé (34%). Cependant, un certain progrès est notable : 68% des femmes ont un établissement de santé à moins de 30 minutes de chez elles, bien que pour 32% d’entre elles, l’attente est plus longue, entre 30 minutes et une heure.
Nancy Clémence Tshimueneka