L’actualité de la semaine vue par Grace-Divine Masasa

Photo/droits tiers
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Du sommet conjoint EAC-SADC à la recrudescence des actes de criminalité à Kinshasa en passant par le sommet de Paris sur l’IA, la semaine qui vient de s’achever a été riche en actualités. Retour sur chacun de ces faits marquants avec Grace-Divine Masasa. 

Merci de nous accorder de votre temps, Madame. Pouvez-vous vous présenter brièvement ?

Grace-Divine Masasa : Je suis assistante à l’Institut Supérieur des Arts et Métiers du Kongo Central, styliste modéliste. J’accompagne les jeunes talents dans le développement de leurs compétences professionnelles.

Le Sommet conjoint EAC-SADC a récemment discuté de la fusion des processus de Nairobi et de Luanda. Que pensez-vous de cette initiative ?

Grace-Divine Masasa : À mes yeux, ce sommet semble davantage être un jeu de manipulation destiné à la RDC. Tandis qu’on parle de paix, il pourrait en réalité servir à faciliter les intérêts étrangers, notamment en ce qui concerne l’exploitation de nos ressources naturelles. Il apparaît que la véritable préoccupation pour la RDC est moins la paix que la protection de nos minerais.

En quoi cette initiative peut-elle être bénéfique pour la situation sécuritaire actuelle dans l’Est du pays ?

Grace-Divine Masasa : À court terme, on peut envisager un semblant de calme, mais cela reste superficiel. Ce calme pourrait, au contraire, offrir plus de latitude aux acteurs extérieurs pour piller nos terres, et cela n’aiderait en rien à résoudre les causes profondes du conflit dans l’Est.

Le deuxième vice-président de l’Assemblée nationale a récemment appelé les jeunes à intégrer l’armée pour renforcer la sécurité. Quelle est votre opinion sur cette déclaration ?

Grace-Divine Masasa : L’idée d’intégrer les jeunes dans l’armée aurait dû être envisagée bien plus tôt. Cependant, aujourd’hui, cette démarche me semble plus une manière de sacrifier la jeunesse congolaise, de les envoyer au front dans des conditions qui ne bénéficient qu’à ceux qui cherchent à maintenir l’instabilité pour leurs propres intérêts.

L’UDPS a récemment rejeté l’initiative de dialogue lancée par les Églises catholique et protestante. Comment analysez-vous cette position ?

Grace-Divine Masasa : Cette décision de l’UDPS semble précipitée et non réfléchie. Si nous devons revenir à une logique de négociation, cela implique un véritable engagement, et non une simple posture de refus.

Selon vous, quelle serait la solution à long terme pour restaurer la paix et la sécurité en République Démocratique du Congo, notamment dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu ?

Grace-Divine Masasa : La solution réside dans une approche plus radicale : il est peut-être temps de mener une guerre totale pour éliminer les menaces extérieures et intérieures. Le dialogue a trop souvent été un prétexte pour les adversaires de la RDC de gagner du terrain, et il est essentiel de récupérer le contrôle de nos terres et de nos ressources. La victoire sur le terrain reste la meilleure garantie de paix.

Ces derniers jours, la presse rapporte une forte recrudescence des actes de criminalité à Kinshasa, notamment des vols à main armée. Qu’est-ce qui, selon vous, explique cette situation ?

Grace-Divine Masasa : Cette recrudescence de criminalité est un symptôme de l’insécurité générale du pays. Les gens, poussés par la pauvreté et l’absence de perspectives, profitent de la faiblesse des institutions pour commettre des actes de violence, notamment contre les plus vulnérables.

Quels mécanismes mettre en place pour lutter contre la criminalité à Kinshasa ?

Grace-Divine Masasa : Il est impératif de renforcer le système de sécurité dans la capitale. Cela passe par une meilleure rémunération et une meilleure formation des forces de l’ordre, afin qu’elles puissent remplir efficacement leur rôle. Les autorités doivent aussi investir dans des stratégies de prévention de la criminalité en adressant les causes profondes comme la pauvreté et le chômage.

Mahmoud Dicko, l’ancien président du Haut Conseil islamique du Mali, est devenu une figure clé de l’opposition aux militaires au pouvoir au Mali. Quelles pourraient être les répercussions de cette opposition pour le Mali et le reste de l’Afrique de l’Ouest ?

Grace-Divine Masasa : Mahmoud Dicko représente un défi pour la stabilité du Mali. Sa montée en puissance pourrait accentuer les divisions et aggraver l’insécurité dans le pays, avec des répercussions sur toute la région de l'Afrique de l'Ouest. Son retour pourrait raviver des tensions politiques et exacerber les conflits internes.

Lors du sommet de Paris sur l’IA, 61 États ont décidé de promouvoir une IA « ouverte », « inclusive » et « éthique ». Quel rôle voyez-vous pour l’IA dans le développement de l’Afrique, et en particulier de la République Démocratique du Congo ?

Grace-Divine Masasa : L’IA pourrait être un levier de développement important pour l’Afrique et la RDC, en particulier pour l’automatisation de certaines industries, la gestion des ressources naturelles, ou encore l’amélioration des services de santé et d’éducation. Cependant, cela nécessite une infrastructure solide et des investissements dans la formation des jeunes pour qu’ils puissent pleinement exploiter ce potentiel.

Quels sont les défis et opportunités pour la société congolaise dans l’adoption et l’utilisation de l’IA ?

Grace-Divine Masasa : Le défi majeur est l’accès à une éducation de qualité et la disponibilité des outils nécessaires pour que l’IA soit utile. À cela s’ajoute la question de l’éthique : l’utilisation abusive de l’IA pourrait aggraver les inégalités sociales et renforcer les pratiques de paresse et de dépendance. Cependant, l’IA offre aussi d’énormes opportunités pour l’émergence de nouvelles industries, l’innovation et le développement économique et social de la RDC, à condition que nous puissions l’intégrer de manière stratégique et responsable.


Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka