Guerre du M23 : « l’Union africaine doit agir avec des mesures décisives dès maintenant » (Human Rights Watch)

Les rebelles du M23 à Goma
Les rebelles du M23 à Goma

Le Conseil de paix et de sécurité (CPS), organe décisionnel permanent de l’Union africaine pour la prévention, la gestion et le règlement des conflits se réunit ce vendredi 15 février 2025 à Addis-Abeba en Ethiopie en marge du 38e sommet des Chefs d'État et de gouvernement de l'UA. Parmi les points inscrits à l'ordre du jour, la détérioration de la situation sécuritaire et humanitaire dans l’est de la RDC à la suite de l'activisme de la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda.

Alors que des affrontements se poursuivent au Sud-Kivu entre les Forces Armées de la RDC et les rebelles provoquant de déplacements de la population, Human Rights Watch exhorte l'Union africaine à agir « avec des mesures décisives ». Cette organisation non gouvernementale internationale plaide également pour le soutien de l'UA à la résolution du Conseil des droits de l'homme de l'ONU sur la RDC.

« Cette réunion intervient au lendemain de la décision du Conseil des droits de l'homme des Nations Unies de créer une commission d'enquête sur le conflit. L'UA devrait soutenir cet effort en demandant des comptes aux responsables des graves violations commises dans ce conflit armé de longue date. La réunion du Conseil de paix et de sécurité est une occasion cruciale pour les dirigeants africains de faire preuve de volonté politique et de leadership en faveur de la population civile du Congo, victime d'abus commis par toutes les parties belligérantes. Des mesures décisives sont nécessaires dès maintenant », a plaidé HWR dans une déclaration ce vendredi 14 février 2025.

Lire: Est de la RDC : entre violence sexuelle, enlèvements et recrutements, l’Unicef appelle les parties au conflit à cesser “sans délai” les violations commises contre les droits des enfants

À la suite d’une réunion ministérielle d’urgence le 28 janvier, rappelle HWR, le Conseil de paix et de sécurité a reconnu la gravité de la situation et a mandaté la Commission de l’Union africaine pour déployer immédiatement une mission d’enquête pour évaluer la crise.

« La prise de Goma par le groupe armé M23 soutenu par le Rwanda, fin janvier, n’a pas mis fin aux combats, car ses forces avancent désormais vers le Sud-Kivu. Le M23 a forcé des dizaines de milliers de personnes déplacées à quitter les camps situés autour de Goma. Cette situation, conjuguée à l’obstruction de l’accès humanitaire, aux menaces croissantes contre les défenseurs des droits de l’homme et aux graves pénuries de fournitures essentielles, a aggravé une situation humanitaire qui se détériore rapidement. Dans la province de l’Ituri, plus au nord, les groupes armés continuent d’attaquer les civils », a fait remarquer HWR.

Lire : Crise humanitaire dans l’Est de la RDC : MSF appelle à un retour digne et volontaire et à une aide urgente pour les déplacés

La situation humanitaire s’est détériorée dans cette partie du Sud-Kivu. Selon des sources humanitaires, depuis le 29 janvier, au moins 30 000 personnes en provenance des villages situés sur le littoral de Minova : Kasunyu, Nyamasasa, Ruhunde, Karango et Kiniezire/Mukwidja se sont déplacées vers le territoire d’Idjwi, ainsi que vers Kalehe centre, Katana, Kavumu, Mudaka et Bukavu. D’autres déplacés se sont dirigés vers Bunyakiri à l’ouest de Kalehe, et Kalungu, au nord.

Pendant ce temps, les confessions religieuses CENCO et l'ECC poursuivent avec les consultations dans le cadre de leur projet de sortie de crise dans l'Est de la RDC. Après la rencontre avec le mouvement AFC/M23, le duo CENCO-ECC a été reçu par Paul Kagame, président du Rwanda considéré par la communauté internationale comme parrain de ma rébellion du M23.

Clément MUAMBA