Masisi-Rutshuru : OCHA redoute des cas de malnutrition aiguë et d’insécurité alimentaire à la suite de nouveaux déplacements massifs dus aux violences

Bâtiment de l'hôpital général de référence de Rutshuru au Nord-Kivu/Ph Jonathan Kombi ACTUALITE.CD

Le contexte sécuritaire reste volatile dans plusieurs localités du Nord-Kivu, en raison des affrontements continus entre groupes armés. C'est ce qui ressort du rapport publié lundi 18 août par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires, couvrant la période du 1er au 31 juillet 2025. S'agissant du territoire de territoire de Rutshuru, le document rappelle que le 26 juillet, d’intenses combats dans la chefferie de Bwisha ont occasionné de nouveaux déplacements estimés à plus de 22 000 personnes vers Kiseguro, Katuiguro, Kiwanja, Kisharo et Nyamilima. Certains ont traversé la frontière vers l’Ouganda.

"Entre le 15 et le 17 juillet, des combats ont eu lieu entre groupes armés dans une dizaine de villages 1 du groupement de Kihondo dans la chefferie de Bwito, occasionnant le déplacement de 28 400 personnes vers les villages de Nyanzale, Buhondwa, Mushikiri et Singa. Des sources humanitaires locales ont confirmé que ces localités avaient déjà accueilli environ 11 000 personnes déplacées entre avril et juin 2024. Par ailleurs, une évaluation de l'ONG ACF2 à Bambo indique qu'environ 43 000 personnes déplacées et plus de 42 000 personnes retournées sont arrivées dans les localités de Rebero, Itongo et Bambo-Centre au cours la même période", renseigne le rapport.

Les principales vulnérabilités identifiées dans cette zone concernent la malnutrition aiguë, l’accès aux soins de santé, les déficits en eau, hygiène et assainissement (EHA), l’insécurité alimentaire, l’insuffisance d’abris et les risques de protection. Bien que MSF et ACF couvrent respectivement les besoins en santé et en nutrition, des ressources additionnelles sont indispensables pour combler des gaps importants relevés dans tous les secteurs.

"Plusieurs incidents de protection ont également été rapportés. Le 10 juillet, des éléments d’un groupe armé ont tué une dizaine de civils pendant que ces derniers travaillaient dans leurs champs dans la zone de santé (ZS) de Binza. Dans plusieurs localités du territoire de Rutshuru, des éléments d'un groupe armé continuent d'interdire aux populations l’accès à leurs champs, ce qui fait planer une lourde menace sur la sécurité alimentaire dans le territoire", ajoute OCHA.

Territoire de Masisi

Dans le territoire de Masisi, le document révèle qu'entre le 21 et le 25 juillet, les affrontements entre groupes armés se sont fortement intensifiés dans plusieurs villages des groupements Bapfuna, Nyamaboko I, et Kibabi. Plusieurs centaines de civils ont fui vers des zones plus stables. Depuis le 23 juillet, des combats ont également été rapportés le long de l’axe Nyabiondo–Loashi (groupement Bapfuna) au sud-est de Masisi-Centre, avec plus de 3 000 personnes déplacées vers la commune rurale de Masisi. Des sources humanitaires locales rapportent une restriction sévère de l’accès humanitaire sur cet axe stratégique. La même zone avait déjà accueilli plus de 6 700 personnes déplacées entre mai et juin 2024. Le 14 juillet, plusieurs fronts ont été ouverts entre des groupes armés dans la localité de Shoa, groupement Banyungu.

"Ces affrontements surviennent après ceux de fin juin et début juillet qui avaient provoqué le déplacement d'environ 10 500 personnes (1 750 ménages) de Buabo, Kilambo, Bitobolo et Mashaki vers Katale. Par ailleurs, une relative accalmie et des mouvements de retour sont observés depuis le 1er juillet dans la zone de santé de Mweso. Toutefois, l’insécurité persistante expose la région à de nouvelles tensions pouvant entraîner un nouveau cycle de déplacement".

Malgré la signature de l'accord de Washington DC entre Kinshasa et Kigali sous la médiation des États-Unis d'Amérique, la déclaration de principes signée entre les délégués du gouvernement et ceux de l'AFC/M23 sous la médiation du Qatar, la situation sécuritaire et humanitaire sur terrain continue de se détériorer davantage. Les deux parties s'accusent mutuellement d'être à la base des violations répétées du cessez-le-feu tel que convenu dans la déclaration de principes signée à Doha au Qatar.

Depuis lors, des voix ne cessent de se lever pour appeler les différentes parties à respecter leurs engagements et à observer le cessez-le-feu pour ne pas compromettre les efforts de médiation en cours. Ces appels ont été lancés par le Haut Commissaire des Nations-Unies aux Droits de l'Homme et par le Conseiller Afrique du Département d'État américain.

Clément MUAMBA