António Manuel de Oliveira Guterres, secrétaire général des Nations unies, s'est dit alarmé par la reprise des hostilités dans l'Est de la République démocratique du Congo. Dans un message remis à la presse et publié sur le site de l'ONU jeudi 23 janvier 2025, le patron des Nations Unies a condamné la nouvelle offensive lancée par les rebelles du M23, soutenus par Kigali, au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, aggravant les menaces sur la ville de Goma.
« Cette offensive a des effets dévastateurs sur la population civile et a accru le risque d'une guerre régionale plus large », a noté son porte-parole Stéphane Dujarric dans une déclaration à la presse.
Le SG de l’ONU appelle le M23 à cesser immédiatement son offensive, à se retirer de toutes les zones occupées et à respecter l'accord de cessez-le-feu du 31 juillet 2024. Selon son porte-parole, le Secrétaire général est profondément troublé par le dernier rapport du Groupe d'experts, créé en vertu de la résolution 1533 du Conseil de sécurité, concernant la présence de troupes rwandaises sur le sol congolais et leur soutien continu au M23.
Il appelle tous les acteurs à respecter la souveraineté et l'intégrité territoriale de la RDC et à mettre fin à toute forme de soutien aux groupes armés, qu'ils soient congolais ou étrangers.
Le SG réaffirme son « soutien indéfectible » aux efforts de paix déployés par le président angolais João Lourenço pour désamorcer les tensions entre la RDC et le Rwanda, et le félicite pour les progrès accomplis à ce jour. Il exhorte les parties à rester engagées dans le processus de Luanda et à maintenir l'élan vers la neutralisation du groupe armé des FDLR et le retrait des forces rwandaises, ainsi que vers l'opérationnalisation rapide du mécanisme de vérification ad hoc renforcé.
M. Guterres exhorte toutes les parties à respecter les droits de l'homme et le droit humanitaire international, notamment « en garantissant un accès immédiat et sans entrave aux populations ayant besoin d'une aide humanitaire et en respectant le caractère civil des sites de personnes déplacées à l'intérieur du pays ». Il réaffirme la détermination de la Mission de paix des Nations unies, la MONUSCO, à mettre en œuvre son mandat de protection des civils et condamne fermement toute action, de quelque partie que ce soit, qui mettrait en péril la sûreté et la sécurité des Casques bleus et du personnel civil de l'ONU.
Ces derniers jours, les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda, ont réalisé une percée face aux Forces armées de la République démocratique du Congo dans la province du Nord-Kivu. À la suite des violents combats, et selon un communiqué des FARDC, les rebelles du M23 ont pris le contrôle de Minova, une ville du Sud-Kivu située à un carrefour stratégique le long de la route vers Goma, l’une des principales métropoles du pays.
Face à la progression de la coalition M23-AFC-RDF, le chef de l'État, Félix-Antoine Tshisekedi, a regagné Kinshasa après son séjour en Suisse. Aussitôt arrivé, Félix Tshisekedi a présidé à la Cité de l'Union africaine une réunion de crise avec notamment des membres du gouvernement conduits par la Première ministre Judith Suminwa Tuluka. Ce vendredi, selon la cellule de communication de la présidence, Félix Tshisekedi présidera successivement le conseil supérieur de la défense élargi et le conseil des ministres, où des décisions stratégiques et importantes pourraient être annoncées dans le cadre de la riposte.
Clément MUAMBA