Emmanuel Assani Wa Losomba, créateur des armoiries en vigueur en République démocratique du Congo, a été honoré vendredi lors d’une soirée d’échange de vœux organisée à l’espace culturel Kimya, à Kisangani. Cet événement a rassemblé slameurs, dessinateurs, photographes, rappeurs et autres acteurs culturels, autour de la mémoire de cet artiste emblématique.
« Les enfants de demain porteront son héritage, et dans le livre d’histoire, il sera le sage », a récité Joël Amani, slameur, sous une douce mélodie dédiée à Assani Wa Losomba.
Décédé en août 2024 à l’âge de 81 ans, ce créateur des armoiries nationales a été enterré en décembre, après plusieurs mois de silence des autorités congolaises. L’histoire d’Assani Wa Losomba, qualifié de « héros méconnu », soulève des interrogations sur la place et la considération des artistes en RDC.
« On n’a pas pris en considération son travail. Même à l’école, où l’on nous enseignait l’histoire de la RDC, son nom n’était pas mentionné », déplore Joël Amani.
Aux côtés du slameur, Man’s Art, artiste graphiste et dessinateur, a illustré ce plaidoyer par un dessin montrant une cuillère arrosant une fleur fanée. « La fleur représente un grand artiste négligé », a-t-il expliqué, dénonçant l’insuffisance de l’appui gouvernemental au deuil d’Assani Wa Losomba. « Quand il était en vie, il avait besoin de reconnaissance », a-t-il ajouté.
Man’s Art critique également le manque de valorisation des artistes peintres, dessinateurs, graphistes et plasticiens en RDC. Une position partagée par Charlène Makengo, dite Charmak’art, qui appelle à une reconnaissance des artistes de leur vivant : « Nous sommes encore en vie, on aimerait qu’on nous considère maintenant, pas après notre mort », a-t-elle plaidé.
Durant sa vie marquée par la misère, selon sa famille, Assani Wa Losomba a servi comme officier de police judiciaire (OPJ) au sein de la PNC. Sa famille attend toujours l’indemnisation promise par le gouvernement congolais. Parmi leurs revendications figurent l’engagement de deux de ses enfants et la restitution d’une médaille d’or qui lui avait été volée peu avant sa mort dans un hôtel de Kinshasa.
Gaston Mukendi, à Kisangani