La ministre d'État, ministre des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba, a exhorté la communauté internationale à dépasser les simples déclarations de soutien pour s’engager concrètement en faveur de la paix dans l'Est de la République démocratique du Congo (RDC).
Cette déclaration a été faite lors d’une rencontre, lundi, avec les ambassadeurs accrédités à Kinshasa, au cours de laquelle elle a dénoncé l’attitude du Rwanda qu’elle accuse de saboter les efforts de paix prévus dans la feuille de route de Luanda.
Sur un ton ferme, la cheffe de la diplomatie congolaise a insisté sur la nécessité d’un engagement réel et tangible. "La compassion seule ne suffira pas", a-t-elle martelé, dénonçant "les aventures" du Rwanda sur le sol congolais. Elle a rappelé un proverbe africain pour illustrer son message : "Le véritable ami se voit dans le besoin."
"Nous avons entendu vos paroles de compassion, vu vos visites dans nos camps de déplacés et reçu vos messages réconfortants. Mais aujourd’hui, la RDC a besoin d’actions concrètes. Ce n’est pas une question de silence ou de discours, mais de décisions courageuses", a déclaré Thérèse Kayikwamba.
Face à l’aggravation de la crise, la RDC envisage de réévaluer ses partenariats avec les États et les organisations internationales.
"Les actions entreprises seront déterminantes. Elles constitueront une ligne de démarcation où nous jugerons si nos partenaires défendent réellement les valeurs fondamentales qui lient les États membres des Nations unies", a-t-elle prévenu.
La ministre a également souligné que sous la présidence de Félix-Antoine Tshisekedi, la RDC demeure engagée dans une vision de prospérité économique durable. Toutefois, elle a averti que cette ambition est indissociable de la résolution des violations flagrantes de l'intégrité territoriale de la RDC par le Rwanda.
Pendant ce temps, les efforts diplomatiques dans la région ont connu un revers. La rencontre tripartite prévue dimanche à Luanda entre Félix Tshisekedi (RDC), Paul Kagame (Rwanda) et João Lourenço (Angola) a été annulée en raison du refus de la délégation rwandaise d’y participer.
Cette réunion devait aboutir à un accord de cessation des hostilités et au retrait des troupes rwandaises du territoire congolais. Cependant, la délégation rwandaise a conditionné la signature de tout accord à l'organisation d’un dialogue direct entre Kinshasa et le groupe rebelle M23, une proposition rejetée par la RDC qui qualifie ce groupe de terroriste.
En lieu et place, Félix Tshisekedi et João Lourenço ont tenu des entretiens bilatéraux, suivis d'une réunion élargie à leurs délégations respectives. Cet échec est perçu comme un coup dur pour la médiation angolaise.
Ce sommet, initialement présenté comme une étape clé pour désamorcer la crise dans l’Est de la RDC, souligne les tensions persistantes. Malgré les rapports des Nations unies documentant la présence des troupes rwandaises sur le territoire congolais, la situation reste bloquée. La RDC appelle la communauté internationale à agir de manière décisive pour mettre fin aux violences et aux souffrances humanitaires dans la région.
Clément Muamba