Une proposition de loi portant sur la répression et la prévention de toutes formes de discrimination et des violences faites à la femme a été déposée le 10 octobre au Sénat par Modeste Bahati Lukwebo, deuxième vice-président de la chambre haute du parlement. Si cette proposition promet de lutter contre les injustices qui touchent les femmes, elle aborde également la question de l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes.
Pour mieux comprendre les bonnes pratiques à mettre en œuvre pour promouvoir cette égalité au sein des entreprises, le DeskFemme a rencontré Albert Maningu Mundadi, responsable des ressources humaines depuis près de douze ans.
Quelles sont les bonnes pratiques déjà mises en place dans votre entreprise pour promouvoir l’égalité professionnelle ?
Albert Maningu : Dans mon entreprise, les pratiques mises en place en matière de promotion de l’égalité professionnelle suivent déjà ce que prévoit le code du travail. Il n'y a pas de discrimination entre les sexes masculin et féminin. C’est la qualification et les compétences qui déterminent la rémunération de chaque travailleur. Il suffit de posséder des compétences répondant aux qualifications requises. À chaque travailleur est attribuée une catégorie professionnelle, et à cette catégorie correspond un certain nombre d’avantages. Chacun en bénéficie en fonction de sa catégorie.
Quelles mesures spécifiques pouvez-vous recommander pour réduire les écarts de rémunération entre hommes et femmes ?
Albert Maningu: En règle générale, chaque entreprise dispose d’un barème salarial qui suit la classification des emplois. Si la classification est respectée de manière transparente, cela favorise l’équité salariale.
Comment les entreprises peuvent-elles assurer la transparence des salaires et évaluer l'équité salariale de manière efficace ?
Albert Maningu: Pour assurer la transparence, elles peuvent utiliser des outils de gestion salariale bien définis et adopter une communication ouverte concernant la politique salariale. L’évaluation de l'équité salariale peut se faire à travers des audits réguliers, des bilans de rémunération comparatifs entre les hommes et les femmes occupant des postes similaires. De plus, il faut instaurer une culture de transparence au sein de l'entreprise.
Quel rôle peut jouer la formation des employés et des managers dans la promotion de l'égalité professionnelle ?
Albert Maningu: La formation des employés et des managers est essentielle pour sensibiliser à l'égalité professionnelle. Les managers doivent être formés pour repérer les biais inconscients et promouvoir un environnement de travail inclusif. Les employés, quant à eux, doivent être sensibilisés à la diversité et à l'égalité afin d’agir avec respect et équité envers leurs collègues, quel que soit leur genre.
Quels mécanismes peuvent être mis en place pour que les employés puissent signaler des discriminations sans crainte de représailles ?
Albert Maningu : On peut utiliser des boîtes à suggestions qui sont neutres, permettant à quelqu’un de signaler discrètement un comportement discriminatoire. Il existe également la possibilité de mener des enquêtes anonymes via des outils informatiques. Par exemple, des questionnaires sur le bien-être des employés permettent de recueillir des avis et de traiter les réponses de manière confidentielle. Ces données peuvent ensuite être utilisées pour ajuster les politiques internes et créer un environnement de travail plus équitable.
Comment les entreprises peuvent-elles mesurer l’efficacité de leurs politiques d'égalité professionnelle sur le long terme ?
Albert Maningu: Elles peuvent adopter des outils d’enquête réguliers pour mesurer la satisfaction des employés et identifier les domaines nécessitant des améliorations. Une autre méthode est d’observer la qualité des candidatures reçues lors des recrutements. Par exemple, sur une offre d'emploi, si les candidatures féminines représentent environ 25 %, cela peut refléter des défis structurels d'inclusivité, bien que cela n’empêche pas de trouver de bonnes candidates.
En quoi la culture d’entreprise peut-elle influencer les efforts pour promouvoir l’égalité professionnelle ?
Albert Maningu: La culture d’entreprise peut grandement influencer les efforts pour promouvoir l’égalité professionnelle. Il est essentiel de promouvoir des comportements internes qui considèrent l’homme et la femme sur un pied d’égalité. Les femmes doivent avoir les mêmes opportunités de réussir, de diriger et de mener des missions à bien. Au regard de mon expérience, les femmes possèdent de grandes capacités de gestion, elles guident efficacement leurs équipes, et les résultats sont généralement très positifs.
Quel rôle les dirigeants doivent-ils jouer pour garantir la mise en œuvre des pratiques d’égalité ?
Albert Maningu: Les dirigeants doivent avant tout se baser sur la qualification et les compétences des employés, et non sur leur sexe. Si une femme dispose des compétences nécessaires pour accomplir une mission, elle doit avoir la même chance qu’un homme de la mener à bien. La compétence prime sur le genre. Dans toutes les situations, lorsque la qualification est là, tout fonctionne bien. Mon conseil serait de ne pas laisser les femmes se lamenter de leur position , elles doivent se former, acquérir les compétences nécessaires et faire preuve de professionnalisme pour réussir dans leurs carrières.
Souhaitez-vous ajouter des commentaires ou des recommandations supplémentaires concernant l'égalité professionnelle et la lutte contre les discriminations dans le milieu professionnel ?
Albert Maningu: Je tiens à encourager les femmes à se former constamment pour devenir plus compétitives sur le plan professionnel. Elles doivent rechercher les informations nécessaires et s’impliquer dans leur développement personnel et professionnel. De cette manière, elles ne seront pas victimes de discrimination, car elles seront préparées à exceller dans leurs missions et à faire valoir leurs compétences.
Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka