Kinshasa : le calvaire quotidien des travailleurs face aux embouteillages

Embouteillages à Kinshasa
Embouteillages à Kinshasa

Chaque matin, des milliers de Kinois se lancent dans une course contre la montre pour rallier leurs lieux de travail. Depuis lundi, cette activité de routine est devenue un véritable calvaire pour  de nombreux habitants de la capitale. Les embouteillages, partout à travers la ville,  rythment la vie des travailleurs, mettent à l’épreuve leur patience et pèsent sur leurs budgets. Reportage 

Mardi 13 novembre 2024,  à peine 7 h00’ sur le rond-point  Huilerie (actuel Etienne Tshisekedi), un des coins de la ville pour rallier le centre-ville de la capitale,  nous avons recueilli les témoignages de plusieurs personnes confrontées quotidiennement à cette situation. 

Jean, la trentaine, raconte  « Je suis ici depuis 60 minutes. Le trajet qui coûte d'habitude 2000 FC, atteint désormais 5000 FC à cause des embouteillages», regrette-t-il. 

Les employeurs, bien que conscients de la situation, n'hésitent pas à sanctionner les arrivées tardives. « Où je travaille, ils nous disent, peu importe, il faut arriver à temps. S’il faut quitter la maison à 4h du matin, il faut le faire », déplore Jean.

Ben Kabamba, une jeune fille de 20 ans, confirme cette situation.  « J’arrive au travail avec un très grand retard. Il y a aussi des chefs qui ne comprennent pas la situation, parce qu’ils la vivent aussi. Mais ils nous en veulent toujours», dit-elle. 

Laura, elle, exprime sa colère contre les motards : « même les motards refusent de nous prendre. La seule personne qui a voulu me prendre, m’a taxé 10 000 FC pour le trajet de huilerie à Memling. C’est inadmissible. Chaque matin pourtant, ils sont nombreux à nous solliciter ».

Réduire les embouteillages

Il est au pouvoir des autorités de mettre en place des mécanismes pour réduire les embouteillages. Toutefois, face au calvaire quotidien  de la population, les habitants de Kinshasa ne se contentent pas de subir. 

De nombreux Kinois estiment que la création de routes secondaires est essentielle pour désengorger les axes principaux. 

Luc, que nous avons interrogé explique : « il faut relier toutes les grandes avenues des communes, les asphalter pour que les gens qui utilisent les véhicules personnes les utilisent, et laissent les gens du transport en commun sur des routes principales ».

Cette proposition est également soutenue par Ben Kabamba qui souligne que « si on crée des routes secondaires cela va permettre de réduire les embouteillages. »

Si les infrastructures routières jouent un rôle important, certains Kinois évoquent les comportements des usagers de la route. 

Laura estime que « ce n’est pas seulement un problème de nos autorités, c’est aussi un problème de nous-mêmes. » Selon elle, l'incivilité, le non-respect du code de la route et les tensions entre conducteurs contribuent à aggraver la situation. 

Elle propose ainsi de renforcer le contrôle et de délivrer des permis de conduire uniquement aux personnes ayant une bonne maîtrise du code de la route et faisant preuve d'une bonne moralité.

Pour réduire les embouteillages, le gouvernement a instauré fin octobre le mécanisme  de conduite en « sens unique alterné », qui  concerne plusieurs axes stratégiques de la capitale, avec des horaires spécifiques pour chaque sens de circulation. Cette mesure a été jugée mitigée lors du dernier conseil des ministres, et devra être améliorée. 

Le 22 juin 2024, le président de la RDC, Félix Tshisekedi, avait lancé les travaux de construction de rocades devant former une route de 63 kilomètres autour de Kinshasa.

Estimé à plus de 300 millions de dollars américains, ce projet devrait permettre notamment de réduire les coûts et les temps de transports dans la ville, augmenter le volume des activités économiques et limiter les embouteillages.

Bruno Nsaka