Un mémoire de DES sur le profil psychologique des femmes victimes de violences conjugales à Kinshasa a été défendu le 29 octobre 2024 à l’Université de Kinshasa.
Le doctorant Christian Balumuene Muanyisha est parti d’un constat selon lequel, avant le mariage, de nombreuses femmes reçoivent des conseils de leurs parents leur demandant d'accepter tout ce qui pourrait leur arriver sous le toit conjugal, sans jamais envisager de partir. « Ce conseil conduit souvent à une introversion et à un silence face aux violences subies, qu'elles soient physiques, psychologiques, financières ou religieuses », souligne-t-il.
L'étude a reposé sur une méthodologie quantitative, consistant en une enquête auprès de femmes victimes de violences conjugales. Les instruments utilisés ont inclu l'échelle de dépistage des violences psychologiques (Women’s Experience with Battering Scale, WEBS), une adaptation de l'échelle des Big Five de Costa et McCrae, ainsi que l’échelle d’estime de soi de Rosenberg.
Les résultats ont montré que les femmes victimes de violences conjugales présentent fréquemment un faible niveau d'estime de soi et des difficultés à faire face aux émotions négatives, telles que l'anxiété et la colère. Ces difficultés peuvent s'expliquer en partie par les expériences traumatiques vécues. « L'âge jeune lors de la première expérience de violence, un écart d'âge important avec le partenaire, des conditions de vie difficiles pendant l'enfance ou un statut socio-économique précaire sont autant de facteurs qui peuvent favoriser les violences conjugales en créant des rapports de pouvoir inégaux. », précise le chercheur.
En menant ces recherches, l’auteur veut contribuer à la lutte contre ces violences en:
- Sensibilisant la société sur l'ampleur du problème et les dangers pour la santé mentale des victimes, tout en soulignant les conséquences psychologiques de ces violences;
- Permettant une meilleure compréhension du profil psychologique des victimes en vue d’aider les professionnels à adapter leurs interventions pour un soutien efficace.
- Et en renforçant les plaidoyers sur cette question en vue d’orienter les politiques de protection des femmes contre les violences conjugales.
À tous ceux qui accompagnent les victimes de violences, Christian Balumuene recommande de les écouter attentivement sans les interrompre, de créer un espace de confiance et de confidentialité pour des discussions et partages, d’adopter une attitude sans jugement, d’offrir des informations sur les ressources disponibles, d’encourager les victimes à faire des choix, de travailler avec d'autres spécialistes afin de se tenir informé des meilleures pratiques, et d’adapter les méthodes aux contextes culturels spécifiques.
Aux victimes, le chercheur rappelle qu'elles ne sont pas seules et qu'il existe des ressources pour les aider. « Les violences ne sont jamais justifiées. À ceux qui soutiennent les victimes, leur rôle est crucial dans le processus de guérison. »
Pour l’auteur, la défense de ce mémoire ne représente qu’une première étape. Son ambition est de poursuivre avec une thèse et créer un centre de prise en charge psychologique pour les auteurs et victimes de violences, tout en organisant des campagnes de sensibilisation.
Nancy Clémence Tshimueneka