Kinshasa : l'exposition "Parcours de l’eau" se clôture en apothéose avec un échange enrichissant

La troisième salle d’exposition de l’académie des beaux-arts de Kinshasa a été, pendant plus de dix jours, le théâtre géant d’une exposition photographique dénommée "Parcours de l’eau", retraçant le vécu et la carrière de l’artiste photographe congolais Arsène Mpiana. En marge de la clôture de cette exposition qui a embelli pendant deux semaines les murs des beaux-arts, ce samedi 26 octobre, l’artiste a échangé avec le public autour de ses œuvres.

Accompagné sur l’estrade de la curatrice de l’exposition, Rosario Mazuela Coll, de la docteure Cecilia Zoppelletto, spécialiste en cinéma, du critique d'art Charles Tumba et du docteur Jürg Schneider. Arsène Mpiana a, au cours de cette conversation où l’expression était libre, répondu aux questions variées du public, qui a montré un vif intérêt pour ses inspirations et ses processus créatifs.

« C’était un plaisir pour moi personnellement de me retrouver devant Arsène Mpiana et d’en savoir un peu plus sur son art, sur cette exposition. En tant que jeune apprentis photographe, ces assises vont me permettre de rêver encore plus grand pour suivre les traces d’Arsène et exprimer aussi mon propre parcours », dit Yannick, un des participants.

Les échanges ont permis d’explorer la manière dont l'art peut servir de vecteur de sensibilisation sur des questions cruciales comme la gestion de l'eau. Les participants ont pu discuter sur les techniques photographiques utilisées par l'artiste, ainsi que des thèmes abordés dans ses œuvres, notamment la mémoire, l’archive, l'identité ou encore la nature.

Cet événement, qui a été lancé le 12 octobre dernier, a rassemblé un public diversifié, composé des élèves, des artistes, des journalistes, des amateurs de la photographie et des mécènes. Cette exposition a été l'occasion pour Arsène Mpiana de partager sa passion et son message à travers ces photos, toutes prises au bord du majestueux fleuve Congo et ses environs, engageant ainsi un dialogue fructueux avec son audience.

« C’est un grand travail, qui mêle journalisme, poésie, cinéma avec certaines photos sous la pluie. Il y’a des regards qui peuvent plaire et inspirer un peu tout le monde », s’est exprimée Cecilia Zoppelletto, spécialiste et docteure en Cinéma. 

Et d’ajouter : 

« La photographie occupe aujourd’hui une grande place dans la Culture car on est dans le pop culture (la culture populaire). Tout le monde a le téléphone, tout le monde utilise les caméras pour prendre des photos ; je pense que la photographie fait partie du langage de tous les jours. C’est l’artiste qui nous amène au-delà du langage vite, il nous amène dans la réflexion ». 

Un parcours artistique

Arsène Mpiana est un artiste photographe reconnu pour sa capacité à capturer des moments de vie et des récits visuels qui interrogent le rapport avec l'eau, une ressource essentielle mais souvent négligée. Arsène Mpiana est diplômé en communication visuelle à l’académie de Kinshasa où il a découvert sa passion pour la photographie. 

Il est un photographe qui vit constamment dans une sorte de dualité permanente dans son travail. C’est des phénomènes de la vie qu’il cherche à mettre en opposition : la vie et la mort, la fiction et la réalité. Son travail est aussi une combinaison des traces d’héritages, des archives, de ses propres reportages fondant des mythes ainsi que son expérimentation qu’il cherche à léguer au futur. 

Congolais et natif de Kinshasa, Arsène Mpiana est, tour à tour, photojournaliste, artiste et enseignant à l’académie des beaux-arts où il occupe le poste de chef du département Photographie; et professeur visiteur en Photo et Image à l’Université des Sciences de l’information et de la communication (UNISIC ex. IFASIC). Il travaille également comme pigiste dans plusieurs médias internationaux entre autres : Der Spiegel, The New York Times, Jeune Afrique et Libération. Il a également été correspondant photographe à l’Agence France Presse lors des cinq dernières années. Arsène Mpiana évolue dans deux secteurs de la photographie : l’information et la création.

"Parcours de l’eau" : une exposition, toute une histoire 

L'exposition "Parcours de l’eau" n'a pas seulement été une vitrine du talent d'Arsène Mpiana, mais aussi un véritable espace de réflexion et de partage. Les discussions qui ont émergé lors de cette journée de clôture témoignent de l'importance de l'art comme outil de dialogue et de sensibilisation sur des enjeux sociétaux actuels.

Avec le « Parcours de l’eau », l’artiste Arsène Mpiana convient la population à des sphères culturelles toutes particulières. À partir de la photographie, il la plonge dans des mémoires collectives allant de Kinshasa à l’Equateur, et qu’il tente de relier dans la re- construction de sa propre identité. Dans cette quête, l’eau s’offre à lui comme un élément capital. Elle symbolise non seulement la vie, mais aussi la voie, le chemin, le parcours à emprunter dans un voyage à la fois physique, de Kinshasa à l’Equateur ; et intérieur, pour découvrir l’univers matériel et spirituel de son identité.

La rencontre entre Arsène Mpiana et son public a été un moment fort qui a permis de souligner le rôle crucial de l'art dans la société. Alors que Kinshasa continue de faire face à des défis environnementaux, des initiatives comme celle-ci rappellent que la créativité peut apporter des réponses et susciter des changements positifs.

James M. Mutuba