En République démocratique du Congo, le Chef de l’Etat a confirmé son intention de doter le pays d’une nouvelle constitution. Lors d’un meeting mercredi à Kisangani (Tshopo) où il séjourne, Félix Tshisekedi a même annoncé que dès l’année prochaine, il mettra en place une commission composée d’intellectuels multisectoriels qui proposera une constitution rédigée par des Congolais. Ce projet est reprouvé par l’opposition. Moïse Katumbi, l’un des opposants à l’actuel régime n’a pas tardé à réagir. Pour lui, Félix Tshisekedi a trahi le peuple en qualifiant la constitution du 18 février « des étrangers ».
« La constitution ne changera pas. Elle a été approuvée par le peuple, et aujourd'hui, Félix Tshisekedi traite ce peuple comme des étrangers ? Ça ne m'étonne pas. Je crois que Félix Tshisekedi n'était pas prêt à diriger la RDC », a indiqué à ACTUALITE.CD, Moïse Katumbi.
Pour l’opposition, il est clair que M. Tshisekedi cherche à se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible. C’est une « utopie », a réagi M. Katumbi.
« Après six ans au pouvoir, il n'est toujours pas prêt à diriger la RDC, et même si on lui laissait 30 ou 40 ans au pouvoir, il ne serait toujours pas prêt. Il n'y aura pas de changement de la constitution, c'est de l'utopie. Le problème du Congo, c'est la mauvaise gouvernance, ce n'est pas la constitution. Voyez-vous pourquoi le pouvoir s'acharne sur les opposants et toute autre voix discordante ? Félix Tshisekedi vient de commettre ce qu'on appelle trahison. Il a menti au peuple et il a trahi la confiance du peuple », a insisté l’ancien gouverneur de l’ex province du Katanga.
La dernière sortie médiatique de Félix Tshisekedi sur cette question est le prolongement d’une campagne déjà lancée par l’UDPS, parti présidentiel en faveur d’une nouvelle constitution. Le secrétaire général de ce parti, Augustin Kabuya a récemment indiqué qu’il s’agit d’une promesse faite à la population par Etienne Tshisekedi.
« Souvenez-vous des propos de notre Père fondateur, Dr Étienne Tshisekedi wa Mulumba d'heureuse mémoire : Si le Peuple nous fait confiance, une fois l'UDPS au pouvoir, nous reviendrons sur cette Constitution en l'adaptant aux réalités congolaises... Aujourd'hui que notre Parti est au pouvoir, nous sommes tenus de respecter et d'exécuter ce testament », avait-il expliqué devant les militants de l’UDPS.
Pour l’heure, il n’y a que le parti présidentiel qui milite publiquement pour une nouvelle constitution. Au sein de l’Union sacrée de la nation, coalition qui a porté Félix Tshisekdi au pouvoir, aucun mot à ce stade.
Certains acteurs de la société civile ne cachent pas leur opposition à ce projet. « En s'engageant de manière claire et précise pour le changement de la constitution, en touchant même aux dispositions verrouillées, le Président de la République sait que cela ne sera pas sans conséquences. Il s'engage sur un chemin à visibilité incertaine. Mon conseil reste que nous devons nous opposer à une telle entreprise dont le but final est de fragiliser le pays », a écrit ce jeudi, Jean-Claude Katende, président de l’Association africaine de défense des droits de l’homme (ASADHO).