Uvira : le ministre burundais des Affaires étrangères dénonce un « pur mensonge » et accuse Kigali de chercher à apaiser la pression internationale

Edouard Bizimana, ministre burundais des affaires étrangères
Edouard Bizimana, ministre burundais des affaires étrangères

Un responsable burundais a mis en cause l’annonce faite par l’Alliance Fleuve Congo (AFC/M23) sur un retrait de ses forces de la ville d’Uvira, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), estimant qu’il s’agissait d’une tentative de « tromper l’opinion internationale ».

« C’est encore un pur mensonge destiné à induire en erreur l’opinion internationale, le président des États-Unis, le secrétaire d’État Marco Rubio et toutes les personnes éprises de paix », a écrit sur le réseau social X (ex-Twitter) Édouard Bizimana, ministre burundais des affaires étrangères.

Selon lui, « les forces rwandaises et l’AFC/M23 ne se sont pas retirées d’Uvira », ajoutant que « tout indique que le Rwanda cherche simplement à relâcher la pression internationale ».

Cette réaction intervient après l’annonce, faite mardi par l’AFC/M23, d’un retrait unilatéral de ses forces de la ville d’Uvira, conquise début décembre dans la province du Sud-Kivu. Dans un communiqué, le mouvement a présenté cette décision comme une « mesure de confiance » visant à soutenir le processus de paix de Doha, affirmant qu’il se retirait « comme demandé par la médiation des États-Unis ».

L’AFC/M23 a toutefois assorti ce retrait de conditions sécuritaires, appelant à la démilitarisation de la ville, à la protection des civils et des infrastructures, ainsi qu’au déploiement d’une force neutre chargée de contrôler le cessez-le-feu. Le mouvement a également mis en garde contre toute tentative des Forces armées congolaises (FARDC), des groupes Wazalendo ou de leurs alliés de reprendre les territoires concernés.

Cette annonce a été faite dans un contexte de fortes pressions diplomatiques sur Kigali. Washington a récemment mis en garde le Rwanda contre son implication présumée dans l’est de la RDC. Le vice-secrétaire d’État américain, Christopher Landau, a qualifié l’offensive sur Uvira de « grave erreur », tandis que le secrétaire d’État Marco Rubio a évoqué une « violation claire » des accords de Washington signés début décembre entre Kinshasa et Kigali.

La situation sécuritaire autour d’Uvira demeure par ailleurs source de vives tensions régionales. Bien avant l’annonce du retrait de l’AFC/M23, le Burundi avait accusé le Rwanda d’avoir bombardé son territoire. Lors d’une session spéciale consacrée à la crise dans l’est de la RDC, l’ambassadeur burundais auprès des Nations unies, Zéphyrin Maniratanga, a affirmé que des bombardements en provenance du Rwanda avaient touché la commune de Tshibitoke le 4 décembre, blessant une femme et un enfant.

Le diplomate burundais a averti que la retenue de son pays « a des limites » et que Bujumbura se réservait le droit de recourir à la légitime défense conformément à l’article 51 de la Charte des Nations unies en cas de nouvelles attaques.

La prise d’Uvira par l’AFC/M23, soutenu par le Rwanda selon Kinshasa et plusieurs partenaires internationaux, a renforcé les inquiétudes sur une extension du conflit dans la région des Grands Lacs, quelques jours seulement après la signature des accords de Washington censés relancer un cessez-le-feu durable entre la RDC et le Rwanda.