Le président congolais Félix Tshisekedi a lancé un appel à la révision de la Constitution lors d'un meeting ce mercredi à Kisangani. Face à une foule rassemblée, il a souligné la nécessité d'adapter la loi fondamentale du pays aux réalités congolaises, affirmant que l'actuelle Constitution, rédigée « à l’étranger et par des étrangers », comporte des « faiblesses » à corriger.
« N’ayez pas peur. Notre Constitution contient des faiblesses, il est bon que notre élite y réfléchisse », a-t-il déclaré, promettant pour l'année prochaine la mise en place d'une commission nationale multisectorielle qui proposera une nouvelle Constitution élaborée par des Congolais.
L'UDPS en faveur d'une révision
Cette déclaration intervient quelques semaines après que l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), le parti présidentiel, a officiellement annoncé son intention de réviser la Constitution. Bien que cette initiative ait suscité des critiques, notamment celles dénonçant une démarche « inopportune et inappropriée », Augustin Kabuya, secrétaire général de l'UDPS, a défendu l'importance de ce projet.
Dans une circulaire adressée aux responsables locaux du parti, Kabuya a exhorté à la mobilisation pour convaincre les militants du bien-fondé de la révision constitutionnelle. Il a souligné que cette réforme constitue une promesse électorale de l'UDPS, rappelant que le parti avait boycotté le référendum de 2006 en raison d'éléments jugés contraires aux intérêts du peuple congolais.
« Souvenez-vous des propos de notre Père fondateur, Dr Étienne Tshisekedi wa Mulumba d'heureuse mémoire : Si le Peuple nous fait confiance, une fois l'UDPS au pouvoir, nous reviendrons sur cette Constitution en l'adaptant aux réalités congolaises... Aujourd'hui que notre Parti est au pouvoir, nous sommes tenus de respecter et d'exécuter ce testament », a déclaré Augustin Kabuya.
Opposition et scepticisme
La perspective d'une révision constitutionnelle a suscité des réactions vives parmi l'opposition. Moïse Katumbi, une figure majeure de l'opposition congolaise, a profité de son récent séjour à Bruxelles pour critiquer le projet de l'UDPS. Dans une interview conjointe à ACTUALITE.CD et Jeune Afrique, il a rappelé les positions passées de Félix Tshisekedi sur ce sujet, les qualifiant de contradictoires.
« C'est dans mon appartement ici à Bruxelles qu'on tenait nos réunions à l'époque avec, y compris le président Tshisekedi et Vital Kamerhe, l'actuel président de l'Assemblée nationale. Nous montions des stratégies pour contrer le changement de la Constitution par le président Kabila », a rappelé Katumbi. « Le problème en RDC aujourd'hui, ce n'est pas la Constitution. C'est le manque de bonne gouvernance. Nous avons une bonne Constitution. Rien ne justifie de la changer », a-t-il ajouté, critiquant ce qu'il considère comme une tentative de l'UDPS de détourner l'attention des enjeux réels.
Une réforme controversée
Pour Félix Tshisekedi et son parti, cette révision est un impératif pour garantir que la Constitution reflète mieux les spécificités congolaises, corrigeant ainsi les failles héritées du passé. La future commission multisectorielle devrait inclure des experts de différents secteurs afin de proposer un texte plus adapté à la réalité du pays.
Cependant, l'opposition reste sur ses gardes. Certains craignent que cette réforme ne serve de prétexte à des modifications qui pourraient renforcer la présidence de Tshisekedi et fragiliser les institutions démocratiques. Pour d'autres, la priorité devrait être la lutte contre la corruption et l'amélioration de la gouvernance plutôt que la modification de la loi fondamentale.