Cancer du sein en RDC : une matinée scientifique au Palais du peuple souligne la nécessité de centres spécialisés

La députée nationale Christelle Vuanga lors de la matinée scientifique sur le cancer féminin
La députée nationale Christelle Vuanga lors de la matinée scientifique sur le cancer féminin

Dans le cadre de la campagne mondiale "Octobre rose”, dédiée à la sensibilisation au dépistage du cancer du sein et à la collecte de fonds pour la recherche, la salle des banquets du Palais du peuple a accueilli une matinée scientifique ce 16 octobre. Organisée par l'ONG Wife, dirigée par Christelle Vuanga, députée nationale, cette rencontre a rassemblé des médecins, des survivantes du cancer, des membres du gouvernement, ainsi que des acteurs de la société civile.

Les intervenants médecins ont abordé les causes, les méthodes de prévention et les défis rencontrés dans la prise en charge du cancer du sein en RDC. Vincent Wilfried Lokonga, cancérologue et président de la Société congolaise du cancer (SCC), a souligné l'absence d'un registre national du cancer et l'importance de multiplier les centres spécialisés à travers le pays.

“Le cancer du sein affecte de plus en plus des femmes congolaises, en particulier à Kinshasa. Beaucoup ignorent leur état, soit par méconnaissance, soit par manque de ressources pour consulter, ou encore en raison d’un manque de médecins qualifiés. Nous sommes encore loin d'une prise en charge adéquate. Il est urgent de créer des centres spécialisés pour la prévention et le traitement, incluant l'oncologie, la radiothérapie et la médecine nucléaire. La sensibilisation est importante, mais sans équipements appropriés, nous ne ferons que recenser des patients qui pourraient mourir. Bien que des progrès aient été réalisés, comme l'achat d'anticancéreux par l'État et des traitements gratuits dans certains centres, cela reste insuffisant. La prise en charge complète du cancer nécessite une approche stratégique et intégrée”, a-t-il déclaré.

Deux survivantes du cancer du sein ont partagé leurs expériences. Parmi elles, Carine Nanikian, AG adjointe du stade des Martyrs, a raconté son parcours de lutte contre la maladie. 

“Mon calvaire a commencé en 2022 lorsque j’ai appris ma maladie. (...) Grâce à un traitement entre avril 2023 et avril 2024, je suis désormais en rémission. J'ai également créé l’Asbl 'Espoir pour Elles', qui soutient les femmes touchées par le cancer du sein ”, a-t-elle affirmé. Elle a aussi plaidé pour un meilleur accès aux soins de qualité pour toutes les patientes, car “certaines femmes manquent des ressources pour bénéficier des soins”.

Sur place, Dominique Inamizi, députée nationale, désignée pour remettre un prix de reconnaissance à Mme Nanikian,  s’est également engagée à faire un don de 5 000 $ à l'ONG pour soutenir les femmes atteintes de cette maladie.

Les témoignages d'une femme amputée d'un sein et d'un époux ayant perdu sa femme à cause du cancer ont suivi, rappelant l'impact de cette maladie.

Porter la question au niveau national

Le ministre du plan et de l'aménagement du territoire, Guy Loando Mboyo, a été décoré ambassadeur de l'ONG Wife pour la lutte contre le cancer du sein. “ Vous connaissez mon engagement en faveur du bien-être des communautés rurales et particulièrement des femmes. Merci pour cet honneur. Je m'engage à sensibiliser sur cette maladie, en particulier dans les zones rurales. Le combat contre le cancer du sein inclut le dépistage, l’information, la recherche, et le soutien aux patients ”, a-t-il affirmé. 

Pour Christelle Vuanga, l’objectif de l’événement a été atteint. “Lors de ma campagne électorale de 2018, j'ai rencontré dans chacune de mes bases, au moins une femme touchée par le cancer du sein. Cela m'a poussée à intégrer cette problématique dans mon agenda. Nous avons rassemblé toutes les parties prenantes, y compris des agences de l'ONU et des ONG internationales. Les participants ont compris qu’il vaut mieux prévenir que guérir. Si la mise en place d'équipements comme les machines de radiothérapie coûte au moins 2.500.000 $, cela nécessite une véritable volonté politique de la part du gouvernement ”, a-t-elle conclu.

Parmi les participant.es, des femmes membres de la Communauté baptiste du Congo (CBCO) ont exprimé leur satisfaction, affirmant leur volonté de partager ces nouvelles connaissances avec leurs filles, notamment sur l'importance d'une alimentation saine et du dépistage précoce.

Prisca Lokale