Kinshasa : prolifération des stations-service, une bombe à retardement

Illustration
Photo d'illustration

À Kinshasa, le besoin en carburant est insatiable. Pour répondre à cette demande, les stations-service poussent comme des champignons, transformant les rues de la capitale en un véritable labyrinthe de pompes à essence. Mais derrière cette apparente prospérité se cache un danger imminent.

"La prolifération désordonnée de stations de vente de carburant dans le corridor ouest attend qu'un incident majeur avec plusieurs morts par brûlures se produise pour que le gouvernement comprenne le danger", alerte un expert du secteur. 

Et pour cause : ces infrastructures, souvent construites sans le moindre respect des normes de sécurité, représentent un risque réel d'incendie et de pollution pour les populations.

Un cocktail explosif 

Marie-Claire, habitante d’un quartier populaire, témoigne : "Je n'ose plus ouvrir les fenêtres, l'odeur d'essence est insoutenable et j'ai constamment peur d'un accident." Son témoignage résume le calvaire de nombreux Kinois qui vivent au quotidien avec la menace d’une catastrophe.

Les fuites de carburant, les installations électriques défectueuses et la proximité des habitations créent un cocktail explosif. Les risques d’incendie sont réels, tout comme les risques pour la santé. "Le carburant, mélange hétérogène de substances organiques et inorganiques, contient des composés comme le benzène, qui s’évapore lors du plein et constitue un vecteur de pathologies cancérigènes", explique un expert. 

Les habitants vivant à proximité de ces stations sont ainsi exposés à un risque accru de développer diverses maladies, notamment des cancers.

Cette situation alarmante s’explique par un manque flagrant de contrôle et de réglementation. 

"La loi sur les hydrocarbures et son règlement exigent une conformité technique avant d’octroyer un permis ou une autorisation de stockage de produits pétroliers. Nous voyons cependant des stations construites sous des habitations ou à moins d’un mètre des habitations", déplore un acteur du secteur.

La corruption et la recherche du profit à court terme semblent primer sur la sécurité des populations. "En 2022, l’ancien ministre des Hydrocarbures avait pris des mesures courageuses en fermant certaines stations anarchiques, mais ces mesures n’ont malheureusement pas été suivies par l'administration pétrolière, avide des montants liés au renouvellement des permis", poursuit-il.


Cette anarchie a également des conséquences économiques. Les pénuries de carburant, les fluctuations de prix et les pratiques commerciales douteuses des opérateurs pétroliers pénalisent les consommateurs. De plus, l'absence de planification urbaine et de contrôle de l'urbanisation sauvage aggrave la situation.


Face à ce danger imminent, les autorités, les entreprises pétrolières et les citoyens doivent agir de manière coordonnée. Chaque acteur a un rôle à jouer pour garantir la sécurité de tous. Kinshasa ne peut plus être une poudrière. Il est temps d'agir avant qu'il ne soit trop tard.


Dodo Mbimba, stagiaire Unikin