La République Démocratique du Congo est candidate au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, dont les élections se tiendront du 09 au 11 octobre 2024 à Genève, en Suisse. En prélude à ce sommet, ACTUALITE.CD a recueilli au niveau local, les réactions des acteurs de la société civile et défenseurs des droits de l’homme.
“Je sais que beaucoup d'acteurs politiques de l'opposition, mais aussi des défenseurs des droits humains, souhaitent que la République Démocratique du Congo ne soit pas acceptée au sein du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies”, avance Jean Claude Katende, Président de l’Association Africaine des Droits de l’Homme (ASADHO).
Et d’ajouter, “Mais je me demande s’il ne serait pas plus pertinent de pousser à ce que le Congo y entre, pour que cela devienne une pression pour engager de véritables réformes en matière de respect des droits humains dans le pays. Ce serait aussi une opportunité pour que, si des violations persistent, le pays soit en position de les observer et de répondre à ses propres contradictions”.
Dans le même sens, Jonas Tshiombela, Coordonnateur de la Nouvelle Société Civile Congolaise (NSCC), soutient la candidature de la RDC, estimant qu’elle placerait le pays face à ses engagements internationaux.
“Contrairement à ceux qui estiment que la RDC ne devrait pas être candidate à cause des violations des droits de l’homme, nous pensons que l’élection de la RDC au sein du Conseil lui imposerait une surveillance accrue et pourrait contribuer à l’amélioration des droits humains dans le pays. Rejeter cette candidature serait, en fait, une faveur accordée à ceux qui commettent des abus”, soutient Jonas Tshiombela.
Le Congo qui viole sa propre constitution
Emmanuel Cole de la Fondation Bill Clinton pour la Paix (FBCP) adopte plutôt une position contraire et ferme. Il estime que la RDC ne remplit pas les conditions requises pour prétendre à une telle responsabilité internationale.
“Nous disposons de preuves claires que la RDC viole régulièrement sa propre Constitution, notamment en matière de détention illégale et de mauvais traitements des détenus. Dans ce contexte de graves atteintes aux droits fondamentaux, il est inconcevable que la RDC puisse prétendre siéger au sein du Conseil des droits de l’homme de l’ONU”.
Il faudrait cependant noter qu’il ne s’agit pas d’une première candidature pour la République Démocratique du Congo. En 2017, sous l’ancien président Joseph Kabila, le pays avait décroché un siège au sein de l’institution des Nations Unies, à l’issue d’une élection qu’elle avait remporté 151 voix sur 193 votants pour la période 2018-2020.
Cette première admission s’est faite dans un contexte de forte contestation. En effet, Human Rights Watch (HRW) avait appelé les Etats membres de l’ONU à ne pas voter en faveur de la RDC à cause “des violations généralisées des droits humains commises par le gouvernement et de son manque de coopération avec les mécanismes des Nations unies dans le domaine des droits humains”. Le 12 octobre 2017, plus d’une centaine des ONG engagées dans la défense des droits de l’homme écrivaient à l’ONU dans le même objectif. La RDC se serait donc appuyée sur le groupe Afrique. Contre toutes attentes, sur les 97 voix requises, le pays avait atteint 151, quatrième africain après le Sénégal qui a recueilli 188 votes, l’Angola 187 ainsi que le Nigeria 185.
Par ailleurs, la RDC sera également candidate au Conseil de sécurité de l'ONU pour la période 2026-2027, avec un vote prévu en juin 2025 à New York. Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement, estime que ces candidatures permettront à la RDC de retrouver une place de choix au sein des instances internationales décisionnelles.
Grâce GUKA