Alors que la première semaine de la reprise des cours sur toute l'étendue de la RDC s'achève, Actualité.cd est allé à la rencontre des parents de Tshikapa, chef-lieu du Kasaï, où la ministre d'Etat chargée de l’Éducation nationale et nouvelle citoyenneté avait lancé la rentrée 2024-2025. Ils ont, chacun, dressé des recommandations et propositions.
" Il y a plusieurs éléments à revoir pour assurer aux enfants du Kasaï une année scolaire réussie ", lance Pierre Mbuya Lutumba, dans la trentaine, étudiant à l'ISP Tshikapa et père de deux enfants.
Et d'énumérer : " nous sommes dans la ville de Tshikapa mais circulez dans les écoles, vous verrez que les élèves apprennent dans des salles de classe vraiment délabrées et archaïques. Il se pose également un problème de transport. Les élèves doivent parcourir de longues distances à pied, car le coût est très élevé. De chez moi à l'ISP, je dois parcourir au moins 1h40 minutes de trajet ".
Dans son discours de lancement, le 2 septembre, Raïssa Malu avait salué le dévouement et l'esprit de sacrifice dont font preuve les enseignants congolais, avant de rappeler le rôle capital qu'ils jouent dans la formation de l'élite congolaise et des citoyens exemplaires, ainsi que l'engagement du gouvernement à améliorer leurs conditions de vie.
Mujinga Kafwala et Chadrack Ntumba, respectivement directrice à l'EP 1 Mingu commune de Dibumba et infirmier à la polyclinique Donavie dans la commune du Centre (Kanzala), parlent à la fois de la qualité de l'enseignement et du salaire des enseignants.
" Nous demandons au gouvernement de revoir la qualité de l'enseignement primaire. L'Etat congolais a allégé la tâche des parents à travers le programme de la gratuité, c'est vraiment une initiative que nous avons accueillie avec joie. Cependant, j'ai l'impression que les enseignants ne dispensent plus les cours avec dévouement depuis que ce programme a été lancé. Nous sommes parfois contraints d'envoyer nos enfants dans des écoles privées. Il faut que l'Etat sauve l'avenir de nos enfants. Les enseignants doivent être recyclés et interpellés ", plaide Chadrack Ntumba.
" L'Etat devrait aussi s'assurer que tous les enseignants sont payés à la même date. Au Kasaï, nous sommes souvent payés entre 45 et 50 jours. Ce n'est pas juste. Et ce passage de la ministre de tutelle nous rassure que nos doléances seront prises en compte ", a ajouté Mme Kafwala.
Les mesures barrières contre la variole du singe ou Mpox ont également été évoquées par Michel Mapena, père de 12 enfants, dont plus de cinq sont scolarisés en primaire. " Nous ne voulons pas que cette épidémie se répande dans les écoles. Que des mesures soient prises au niveau des établissements, imposées et suivies par le ministère de la santé ", a-t-il soutenu.
Investir au Kasaï
Par ailleurs, Antho Ntumba, vendeuse d'avocats au marché de la Réconciliation, plaide en faveur de la création d'entreprises dans la ville de Tshikapa.
" J'ai cinq enfants. Les conditions de vie sont très difficiles ici. Pour payer le loyer ou pour nourrir nos enfants, tout est si difficile. Et l'école a repris. Au moment où je vous parle, je n'ai pas encore réussi à tout réunir pour leur permettre de reprendre les cours. Je prie l'Etat congolais d'installer des entreprises dans notre province pour permettre aux parents d'y travailler et de pouvoir scolariser leurs enfants", a-t-elle affirmé.
Il faut noter que la province du Kasaï comprend deux provinces éducationnelles, Kasaï I à Tshikapa et Kasaï II à Mweka, qui gèrent 30 sous-divisions comprenant 256 écoles maternelles, 5112 écoles primaires, et 2573 écoles secondaires pour un total de 1.749.031 élèves, dont 646.742 filles.
Prisca Lokale, à Tshikapa