RDC : Face à la menace "existentielle" du pays, le regroupement politique ACRN, proche de Denis Mukwege, appelle à la tenue d'un dialogue sous l'égide des évêques de la CENCO

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Point de presse de l'ACRN

Près de huit mois après les élections générales de décembre 2023, le regroupement politique Alliance des Congolais pour la Refondation de la Nation (ACRN), plateforme qui a soutenu la candidature du prix Nobel de la Paix Denis Mukwege à la dernière présidentielle, a décidé de rompre le silence pour se prononcer sur divers sujets relatifs à la vie nationale en République Démocratique du Congo.

Dans sa déclaration intitulée : "Rien n'est tard pour s'améliorer ou pour faire mieux", l'ACRN dresse un tableau sombre de la situation socio-politique, socio-économique et sécuritaire du pays. Il souligne que malgré l'état de siège instauré au Nord-Kivu et en Ituri, la situation ne cesse de se dégrader, tout comme la situation sociale du pays.

"Malgré l'instauration depuis cinq ans de l'état de siège à l'Est de la République, la situation sécuritaire du pays ne fait que se détériorer, avec l'avènement des rebelles du M23 et la présence des ADF NALU dans le Nord-Kivu, à Beni, Butembo, et en Ituri, sans oublier l'insécurité à l'Ouest avec le phénomène Mobondo dans le Maï-Ndombe et le Kwilu. Sur le plan social, le gouvernement, qui vante sa croissance du budget national, n'a pas d'impact réel sur les conditions sociales de la population. Il assiste impuissant à la dégradation sociale, à la corruption, au détournement des fonds publics et à l'enrichissement illicite des dirigeants, qui ne reculent devant rien, ni personne, même pas devant Dieu, pour s'en mettre plein les poches, à la grande dame du slogan 'Le Peuple d'abord'", a déclaré Maître Jean-Bosco Mambo Katunda, vice-président de l'ACRN, dans une déclaration rendue publique ce jeudi 22 août 2024.

Se référant au plan de paix porté par Denis Mukwege lors des dernières élections, l'ACRN appelle à la convocation d'un dialogue sous l'égide des évêques de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO).

"Les pères évêques, à qui le Président Tshisekedi a fait allusion lors de son passage à la Radio Top-Congo à Bruxelles, n'ont-ils pas vu que ce temps était enfin arrivé? Le fait que ce temps soit arrivé, suffit-il pour un dialogue salvateur pour le pays? Peut-être que cela soit possible à condition que : la sincérité, le sérieux, l'honnêteté, le patriotisme, le sens élevé de l'intérêt général et l'amour de l'autre puissent caractériser la classe politique congolaise. C'est pourquoi, face à la menace existentielle de notre pays, nous appelons nos pères spirituels à n'aménager aucun effort pour réunir leurs filles et fils afin de sauver le pays en péril", a souligné Jean-Bosco Mambo Katunda, vice-président de l'ACRN.

Le regroupement politique ACRN estime qu'il est désormais temps de privilégier l'intérêt supérieur de la nation au détriment des intérêts individuels.

"Le Professeur Docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix, disait dans son plan de paix : Il viendra un jour où les responsables politiques congolais mettront fin à leurs guéguerres politiciennes pour coaliser leurs forces dans l'intérêt général et le salut de la patrie, parce qu'ils auront unanimement pris conscience que cette longue guerre, qui chaque jour brise des vies, détruit des villages entiers, cause à la population civile des souffrances insensées et déshumanise l'Est du pays, en conduisant le Congo de Lumumba et de Kimbangu vers sa fin en tant que peuple, en tant que Nation et en tant que patrie. Le temps d'une telle rencontre n'est-il pas arrivé?" s'est-il interrogé dans la déclaration.

Rappelons que le 4e cycle électoral en RDC a consacré la victoire de Félix Tshisekedi à la magistrature suprême pour un second mandat. Selon l'arrêt de la Cour Constitutionnelle, Félix Tshisekedi a été crédité de 73,47 % des suffrages exprimés (13 058 962 voix), loin devant Moïse Katumbi Chapwe, Martin Fayulu Madidi et Adolphe Muzito.

Plusieurs irrégularités et fraudes ont été dénoncées lors des élections présidentielles, législatives nationales et provinciales ainsi que lors de celles des conseillers municipaux, tenues le 20 décembre mais qui se sont étendues jusqu'au 27 décembre 2023. En dépit de cette situation, les principaux candidats de l'opposition, dont Moïse Katumbi et Martin Fayulu, n'ont pas saisi la Cour Constitutionnelle, qu'ils considèrent comme inféodée au pouvoir.

Sur le plan sécuritaire, Kinshasa compte sur la résolution de la crise à l'Est par la voie diplomatique, qui peine jusque-là à donner les résultats escomptés. De leur côté, les rebelles du M23, soutenus par Kigali, continuent d'étendre leur influence dans la province du Nord-Kivu, malgré les multiples appels au cessez-le-feu au niveau régional et international.

Clément Muamba