Les liens entre Wondo et Malanga : Ce que révèle le rapport d'expertise sur le téléphone de l'expert belgo-congolais

Jean-Jacques Wondo
Jean-Jacques Wondo

L'affaire relative au coup d'État manqué du 19 mai dernier s'est poursuivie lundi 12 août 2024 devant le tribunal militaire de Kinshasa/Gombe, siégeant en audience foraine à la prison militaire de Ndolo. Lors de cette audience, l'auditeur du ministère public, le Lieutenant-Colonel Radjabu Bashiru Innocent, a versé au dossier des pièces attestant des rapprochements entre le prévenu Jean-Jacques Wondo et Christian Malanga, leader du mouvement "New Zaïre".

Il s'agit du rapport des experts qui ont pu scruter les différents messages "supprimés" par Jean-Jacques Wondo lors de la réunion de crise à l'Agence nationale des renseignements (ANR).

"Nous avons requis l'expert pour qu'il nous informe. Nous avons mentionné dans cette pièce de saisine que le prévenu Jean-Jacques Wondo, après la réunion de crise du 19 mai 2024, a pris soin d'effacer plusieurs données dans ses téléphones, à la surprise générale de ses chefs hiérarchiques et de ses collaborateurs. Ses téléphones ont été soumis à l'expertise, raison pour laquelle nous avons versé ces données au tribunal. Depuis 2016 et 2017, le chef de cette bande, New Zaïre, Christian Malanga, avait pris contact avec certains compatriotes, dont Jean-Jacques Wondo, naturalisé Belge, avec qui il partageait des idées visant à déstabiliser les institutions en République Démocratique du Congo, en usant de violence, au point de le coopter comme ministre de la Défense d'un futur gouvernement chimérique", a déclaré l'auditeur du ministère public.

Ce rapport révèle l'identité d'un certain Victor Lula. Selon le ministère public, c'est grâce à lui que Jean-Jacques Wondo a pu effacer plusieurs données dans ses téléphones.

"En soumettant ses données à l'expertise, ses téléphones, dans cette entreprise visant à déstabiliser les institutions de la République Démocratique du Congo, Monsieur Jean-Jacques Wondo a, selon ce que nous avons obtenu comme rapport d'expertise, eu en 2021 un contact avec celui qu'il qualifie d'Alter Égo, Lula, qu'il connaît bien. Il contacte Lula Victor, un légionnaire, tout comme Wondo, ancien militaire de la garde civile, pour lui dire ceci, selon le rapport des experts : désormais, mon ami, Facebook a déjà une application permettant d'effacer tous les messages en cas de problème. Il a écrit à Lula Victor que, lorsqu'il y a des problèmes, Facebook a déjà prévu cela, et c'est vous que j'ai choisi pour effacer tous mes messages lorsque je suis dans une situation inconfortable. La conséquence de cela s'est manifestée le 19 mai, lorsque les experts ont analysé les téléphones du prévenu Jean-Jacques Wondo ; tous les messages de 2022, 2023 et 2024 ont été supprimés, même dans la corbeille, grâce à Victor Lula, le nettoyeur de preuves", a souligné l'officier du ministère public.

Dans la catégorie des contacts, le rapport a révélé l'identité d'un certain Malusha Mukinzi Malunga. Selon le ministère public, il joue le rôle de manager du prévenu Jean-Jacques Wondo.

"Le prévenu Jean-Jacques Wondo arrive à Kinshasa, il est logé à l'hôtel Shulungu, où se trouve un jeune, gestionnaire ou gérant de l'hôtel, nommé Malusha Mukinzi Malunga. Il n'a qu'un mois pour conseiller de l'AG de l'ANR. L'autre fois, vous aviez entendu le gérant de l'hôtel Pajela appeler Malusha le manager du prévenu Wondo Jean-Jacques, pour des raisons bien identifiées, mais lui-même a refusé ce titre pour se qualifier de garçon de course, alors que l'expertise nous montre autre chose. Malusha Mukinzi Malunga, superviseur de l'hôtel Shulungu, où le prévenu Wondo est passé pendant un mois, quitte cet endroit pour se rendre à l'hôtel Pajela, accompagné par Malusha, son manager. Quel rôle joue Malusha Mukinzi ? Il a deux numéros de téléphones (0837746920 - 0826919471). Lorsque nous avons soumis à l'expertise les téléphones du prévenu pour en savoir davantage sur ses liens avec son ancien leader Christian Malanga, nous avons découvert que Christian Malanga (avec son numéro 0851911053) a contacté Malusha. Ils ont eu 15 interactions, dans la période du 29 avril au 16 mai 2024. Il est supposé que, déjà à ces dates, Christian Malanga parlait à Malusha, le manager ou garçon de course du prévenu Jean-Jacques Wondo", a relaté le ministère public.

Le prévenu Jean-Jacques Wondo a interagi avec Malusha 19 fois. Selon le rapport présenté par le ministère public, Malusha a servi de relais entre Jean-Jacques Wondo et Christian Malanga.

"Dans le deuxième contact de Malusha (0826919471), Jean-Jacques Wondo a interagi avec Malusha 19 fois, 19 interactions. L'autre fois, il a voulu minimiser Malusha et a même dit qu'il ne maîtrisait pas bien son propre numéro de téléphone, mais l'expertise nous indique qu'au travers du numéro 0994130257 du prévenu Jean-Jacques Wondo, il a eu 19 interactions avec Malusha, celui qu'il considère comme garçon de course. Vous constaterez que le fameux Malusha est allé chercher les deux numéros de téléphones auprès de l'opérateur de téléphonie avec une carte militaire. Voilà une particularité : Malusha s'est fait une carte militaire au nom de Bosenge Bosenge pour son premier numéro, et la deuxième carte SIM toujours avec une carte militaire au nom de Bosenge Bosenge. Voilà l'homme de course du prévenu Jean-Jacques Wondo", a indiqué le ministère public.

Et de poursuivre :

"La même personne entretient des liens avec Christian Malanga et, en même temps, avec Jean-Jacques Wondo, tout en utilisant des cartes d'identité militaire. C'est l'homme qu'on peut qualifier de clé de voûte, c'est Monsieur Malusha, celui qui permet à Christian Malanga d'être en contact permanent avec le prévenu Jean-Jacques Wondo. Ce n'est pas pour rien que nous avons dit que le prévenu Jean-Jacques Wondo avait effacé tous les messages de 2022, 2023 et 2024, en trouvant déjà quelqu'un qui pouvait bien l'aider. C'est la preuve indélébile de sa participation et de ses contacts avec Christian Malanga. Jean-Jacques va prendre Malusha pour aller dans un autre hôtel. On peut y aller soi-même, mais il prend Malusha, qui l'emmène de l'hôtel où il était à l'hôtel Pajela. Malusha est celui qui va signer et s'engager sans préciser au nom de qui, mais il a tout mis, même le reçu et la facture, au nom de Malusha. On lui réserve, le 24 avril 2024, une chambre au numéro 18, mais ce ne sera pas lui qui viendra occuper. Il donne le temps et la date de cette possession de chambre entre le 1er mai et le 1er juin 2024. Nous avons tous suivi le gérant de Pajela la fois passée. Lui, en tant que gérant, n'a vu le prévenu Jean-Jacques Wondo que deux ou trois jours, le 12, 13 et 14. Toutes ces manœuvres vont dans le sens de dissimuler des actions subversives préparatoires durant la période suspecte."

Les 51 prévenus sont poursuivis pour terrorisme, détention illégale d'armes de guerre, tentative d'assassinat, association de malfaiteurs, meurtres, et financement du terrorisme. Des infractions punissables jusqu'à la peine de mort.

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Clément MUAMBA