Procès tentative de coup d'État : les avocats du prévenu Wondo s'opposent aux conclusions du rapport de l'expert commis à l'examen des téléphones de leur client

Jean-Jacques Wondo
Jean-Jacques Wondo

Les avocats du prévenu Jean-Jacques Wondo, cité dans la tentative de coup d’État et l’attaque de la résidence de Vital Kamerhe, se sont opposés aux conclusions du rapport de l'expert chargé d'examiner les trois téléphones de leur client. 

Ils ont exprimé leur désaccord lors de l'audience du lundi 12 août devant le Tribunal militaire garnison de Kinshasa/Gombe siégeant en audience foraine à la prison militaire de Ndolo.

"Aujourd'hui, il était question pour le Tribunal d'exploiter le rapport d'expertise qui avait été établi par un expert inconnu. Comme vous le savez, nous l'avons dit, le rapport de l'expert n'est ni signé ni identifié. Le ministère public est venu avec cela, et il fallait poser des questions à notre client, qui a répondu à toutes les questions. Comme vous l'avez suivi, ce sont des affirmations gratuites que le ministère public continue de soulever sans la moindre preuve. Nous sommes restés sereins, nous avons répondu à toutes les questions. La prochaine audience est prévue pour ce vendredi. Le Tribunal a estimé qu'il était nécessaire de faire comparaître le prétendu expert. Nous l'attendons avec le réceptionniste de l'hôtel Pajera et la sentinelle", a déclaré Me Carlos Ngwapitshi Ngwamashi à la presse à l'issue de l'audience.

Pour la défense de Jean-Jacques Wondo, le ministère public éprouve des difficultés à démontrer la culpabilité de leur client dans cette affaire.

"Nous sommes en matière pénale, et bien que nous soyons régis par le principe de la liberté de la preuve, elle est quand même organisée. Lorsque le ministère public soutient que notre client serait le cerveau moteur de la bande New Zaïre, il lui incombe d'apporter la preuve, car en matière pénale, la charge de la preuve incombe au ministère public. Aujourd'hui, trois mois après le début de l'instruction, il peine à apporter les preuves pouvant justifier ou soutenir la culpabilité de Monsieur Jean-Jacques Wondo. Nous sommes sereins, nous attendons le moment venu. Je pense que son seul espoir réside dans l'expert qui viendra vendredi, et celui-ci sera également confondu," a prévenu l'avocat Carlos Ngwapitshi Ngwamashi.

Ils affirment avoir repéré des incohérences dans le rapport des experts présenté par le ministère public.

"Tout ce qu'il a relevé ne sont que des contradictions. Comment voulez-vous qu'un prétendu rapport affirme que Monsieur Wondo aurait supprimé tous les messages et son répertoire téléphonique, mais continue ensuite à démontrer qu'il a relevé ou prélevé les numéros de téléphone que Monsieur Wondo appelait ? Comment un répertoire supprimé peut-il encore permettre au ministère public ou à l'expert d'identifier certains numéros ? C'est déjà une contradiction, et cela nous profite. Il va de doute en doute. Je pense que Monsieur Wondo est dans une bonne position et plaidera non coupable," a souligné Maître Carlos Ngwapitshi.

Concernant le véhicule de Jean-Jacques Wondo, dotation de l'ANR, qui selon le ministère public a servi à Christian Malanga pour passer certaines barrières avant de mener l'assaut, la défense révèle que ce véhicule n'avait pas de signes distinctifs capables de lui permettre d'échapper au contrôle, et il revient au ministère public de dire au Tribunal où se trouve le véhicule.

"Nous avons posé cette question au ministère public. Le véhicule, en droit dans le cas d'espèce, est appelé le corpus delicti, c'est l'objet même de l'infraction. Cela signifie que lorsque vous, ministère public, affirmez que ce véhicule a servi aux assaillants comme moyen de transport, vous devez montrer au juge ledit véhicule. Mais à la question de savoir quelle était la couleur du véhicule, le ministère public a été incapable de répondre," a indiqué l'avocat de Jean-Jacques Wondo.

Et de poursuivre :

"Ce véhicule-là était bien entendu un véhicule de service, mais il avait une plaque d'immatriculation ordinaire. Wondo Jean-Jacques vous a dit qu'il se faisait parfois arrêter en route. Comment Christian Malanga pouvait-il circuler avec ce véhicule qui n'avait même pas d'insignes de l'ANR ou de signe diplomatique pour échapper à une arrestation ou à une interpellation ? Ce sont des accusations gratuites et mensongères que le ministère public ne saura pas prouver."

Les 51 prévenus sont poursuivis pour terrorisme, détention illégale d’armes de guerre, tentative d’assassinat, association de malfaiteurs, meurtres, et financement du terrorisme, des infractions punissables jusqu’à la peine de mort.

Clément MUAMBA