Des rudes affrontements opposent depuis le matin de ce vendredi 2 août, les rebelles du M23/RDF et les volontaires pour la défense de la patrie (VDP), communément appelés « wazalendo » dans plusieurs localités du territoire de Rutshuru (Nord-Kivu). Selon les sources dans la région, les rebelles du M23 ont lancé les assauts à partir de Nyabanira et Ngwenda, deux localités situées dans le groupement de Binza, qu’ils ont réussi à occuper après y avoir délogé les wazalendo. Jusqu’à ce soir, les affrontements sont signalés à Kisharo, à 30 Km de Kiwanja.
« La situation n'est pas bonne pour le moment. C'est depuis ce matin. Présentement, il y a plusieurs localités qui sont déjà passées sous contrôle des éléments du M23. C'est-à-dire, il y a Kiseguro, Nyabanira, Kasave, Nyakahanga, Katwiguro pour le moment. Ça crépite maintenant à Kisharo, ça signifie que d'un moment à l'autre, ils seront à Nyamilima, ce serait ça leur objectif, passer nuit à Nyamilima », témoigne sous anonymat, un habitant de Nyamilima qui se trouvait à moins de 10 Km de la ligne des combats.
Ishasha, est le poste frontalier entre la RDC et l’Ouganda, situé à 60 Km de Kiwanja. Les combats signalés depuis le matin provoquent le déplacement de plusieurs habitants des agglomérations de Kiseguro, Katwiguro, Kisharo et environs qui prennent la direction de Nyamilima et de Ishasha.
Des sources médicales renseignent que des déplacés arrivent en masse dans l’enceinte de l’hôpital général de référence de Nyamilima ainsi qu’à la paroisse catholique locale. Des blessés par balle sont également signalés.
« Depuis tôt ce matin , il y a eu des attaques à partir de Ngwenda où l’ennemi a attaqué les positions des wazalendo qu’il a réussi, malheureusement à repousser jusqu’à aller prendre Kiseguro. En ce moment, la population est en débandade, en train de fuir vers Kisharo, Nyamilima et Ishasha. Nous pensons que cette situation doit être prise au sérieux par notre gouvernement et préparer déjà une réponse rapide pour récupérer ces entités et amener nos populations chez elles », indique Placide Nzilamba, secrétaire technique de la coordination provinciale de la société civile du Nord-Kivu.
Ces combats se déroulent ce vendredi 2 août, date marquant la fin de la prolongation de la trêve humanitaire décrétée en vue de permettre le retour des déplacés dans leurs milieux d’origine et faciliter l’accès des humanitaires à ces déplacés pour des éventuelles assistances.
« Le Rwanda n’a jamais joué franc jeu depuis tous ces temps. Donc, il profite de cette situation pour appliquer sa politique, talk and fight (Ndlr : dialoguer en combattant). Ça veux dire, on parle en hypocrisie tout en utilisant le vrai argument militaire sur le terrain et gagner du terrain. Le cessez-le-feu ou trêve humanitaire, ce sont des craques pour pousser le gouvernement congolais à ne pas réagir et donner une passe d’or à l’ennemi. On attend rien de ce cessez-le-feu. C’est pour nous lier les mains et nos autorités devraient s’en méfier. Ça veut dire qu’il n’y a plus cessez-le-feu et que le Rwanda n’a pas besoin de ce cessez-le-feu. Il est dans ses velléités de conquérir des espaces et de faire des fortunes au Congo. C’est déjà clair que le M23 veut aller prendre la douane d’Ishasha pour faire passer des minerais qu’il est en train de piller ici. Vous savez que l’Ouganda n’a jamais joué franc jeu dans cette histoire. Et tout ce qui est pillé, une partie va vers l’Ouganda et une autre vers le Rwanda », a ajouté M. Nzilamba.
La trêve humanitaire de deux semaines décrétée depuis le 5 juillet dernier a été prolongée de 15 jours supplémentaires à partir de vendredi 19 juillet 2024 à l’initiative des États-Unis d’Amérique.
La RDC, le Rwanda et l'Angola se sont accordés sur un cessez-le-feu entre l'armée congolaise et le M23, en guerre dans le Nord-Kivu, à l'issue d'une réunion ministérielle, mardi 30 juillet, à Luanda, sous la médiation du président João Lourenço. Comme la Belgique, la France et les États-Unis, l'Union européenne, de son côté, a salué à la fois l'initiative et le travail inlassable du président angolais, avant d'appeler à la mise en œuvre rapide et globale de toutes les décisions prises lors de la réunion trilatérale.
Cet accord de cessez-le-feu, qui entre en vigueur ce dimanche 4 août 2024 à minuit et qui sera supervisé par le Mécanisme de Vérification Ad-Hoc renforcé par les experts du renseignement des trois pays et d'autres entités, est la résultante de la relance du processus de Luanda, que Kinshasa considère comme un mécanisme privilégié pour un retour à une paix durable.
Jonathan Kombi, à Goma