La Cour Militaire de Kinshasa/Gombe a repris ce jeudi 25 juillet 2024 l'examen de l'affaire Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et dirigeant politique du mouvement politico-militaire Alliance Fleuve Congo (AFC), ainsi que 24 autres prévenus poursuivis pour crimes de guerre, participation à un mouvement insurrectionnel et trahison.
Parmi les prévenus, Nicaise Samafu Makinu s’est trouvé à la barre pour répondre aux accusations de recrutement des autorités militaires et des responsables de la police au profit de l’AFC. Makinu a fermement nié toutes les accusations portées contre lui, déclarant qu’il n’a aucun lien avec l’AFC.
« Je ne suis pas membre de l’AFC. Je ne connais ni Eric Nkuba ni Nangaa Baseane. Je les ai vus pour la première fois lors de notre transfert à l’auditorat militaire », a déclaré Makinu. Il a expliqué qu’il connaissait Corneille Nangaa depuis 2013 dans le cadre d’un projet de centrale hydroélectrique. « Il avait accepté de prendre le projet en son compte. C’est comme ça que je l’ai connu. Je ne connais rien de ses projets politiques. »
Makinu a aussi nié avoir des liens avec le M23 ou avoir voyagé au Rwanda avec des membres de l’AFC. Il a expliqué que sa seule interaction avec une société rwandaise, Energico, était purement professionnelle, dans le cadre d’un projet de barrage à Rubavu en 2018, bien avant qu’il ne connaisse Corneille Nangaa.
« Dans le cadre de mes projets, une société rwandaise m’avait contacté pour les aider à travailler sur le barrage qui se détruisait. La société est basée au Rwanda, à Rubavu. J’ai visité le barrage en 2018. On avait conclu que je pouvais les aider dans de nouveaux projets », a précisé Makinu.
Interrogé sur les transactions financières, Makinu a dit que les fonds versés par Corneille Nangaa étaient destinés aux études de faisabilité du projet hydroélectrique à Isiro. « Aucun paiement ne m’a été fait pour le recrutement de responsables militaires ou de la police. Le paiement a été exécuté en 2019 pour les études de faisabilité du projet, qui totalisaient environ 120 000 USD », a-t-il ajouté.
Makinu a souligné que l'argent était transféré par petites tranches, parfois 50 000 USD, 20 000 USD, etc.
Makinu a également mentionné que pendant sa détention, l’Agence nationale de renseignement (ANR) avait réquisitionné tous ses documents, emportant tous les papiers relatifs à ses projets. « Tous les documents ont été pris par l’ANR », a-t-il affirmé.
Le ministère public a insisté sur le fait que les fonds versés par Corneille Nangaa auraient servi à contacter et recruter des responsables militaires et de la police. Makinu a réitéré qu'il n’avait jamais effectué de telles opérations de recrutement et que son rôle se limitait à ses projets hydroélectriques.
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