Procès Nangaa : le prévenu Eric Nkuba dévoile la structure et les ambitions de la rébellion : « Nous avons choisi la guerre, l’AFC n’a pas intérêt à conquérir Goma ou Butembo, mais Kinshasa »

Nangaa, Bisimwa, Chalwe
Nangaa, Bisimwa, Chalwe

Siégeant en audience foraine à la prison militaire de Ndolo, la Cour Militaire de Kinshasa/Gombe a repris ce jeudi l'examen de l'affaire Corneille Nangaa, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et dirigeant politique du mouvement politico-militaire Alliance Fleuve Congo (AFC), ainsi que 24 autres prévenus poursuivis pour crimes de guerre, participation à un mouvement insurrectionnel et trahison.

Devant la Cour, Eric Nkuba, surnommé Malembe, a reconnu une fois de plus son rôle de cofondateur de l’AFC. D’un air calme, il a précisé qu'il était également commerçant. Interrogé sur la nature de son commerce, il a refusé de répondre aux questions concernant la vente d'armes ou d'avions.

« Corneille Nangaa est politique. Moi aussi, je suis politique. Je ne suis pas militaire », a-t-il déclaré. Cependant, lorsqu'on lui a demandé s'il avait participé à des réunions au Rwanda sur la prise des territoires du Nord-Kivu, il a admis que la réunion s’était tenue à Rutshuru, chez le général Makenga du M23.

Eric Nkuba a détaillé la création et les objectifs de l’AFC. Selon lui, l'AFC a été créée à Nairobi avec la branche politique de Twiraneho, celle du M23, et lui-même ainsi que Corneille Nangaa. « Après la rencontre de Rutshuru, nous sommes allés à Kigali pour rencontrer les membres de Twiraneho », a-t-il expliqué. Il a souligné que Corneille Nangaa coordonne le M23 et le Twiraneho, insistant sur le fait que le M23 n'est pas mort et fonctionne toujours avec ses branches politique et militaire.

Interrogé sur le soutien rwandais au M23, Nkuba a répondu : « J'étais à Rutshuru, je n’ai vu aucun Rwandais. Mais dans les FARDC, il y a aussi des Rwandais. À côté des FARDC, les FDLR sont visibles. »

L'auditeur militaire a accusé Nkuba de trahison, ce à quoi il a répliqué : « Je n’ai pas trahi mon pays. Je voudrais instaurer une démocratie. » Face à la question du juge sur l'utilisation de la violence pour renverser les institutions, Nkuba a évoqué les scandales de corruption et de mauvaise gouvernance, affirmant que l’AFC a été créée pour instaurer la démocratie.

Nkuba a été clair sur les ambitions de l’AFC : « L’objectif de l’AFC n’est pas de rester au Nord-Kivu, mais de conquérir tout le pays et d’arriver jusqu’à Kinshasa. Le but n’est pas de balkaniser le pays, mais de conquérir le pouvoir à Kinshasa. L’AFC n’a pas intérêt à conquérir Goma ou Butembo, mais Kinshasa. »

L’audience a révélé les ambitions profondes de l’AFC et les moyens utilisés pour atteindre ses objectifs. Les déclarations d’Eric Nkuba ont mis en lumière la complexité et les enjeux de cette affaire.

Clément Muamba