Guerre du M23 : à Goma, l’hôpital CBCA Ndosho accueille au moins 200 blessés chaque mois

Photo ACTUALITE.CD.

Depuis l’intensification des combats dans plusieurs fronts au Nord-Kivu entre les rebelles du M23 et les forces armées congolaises appuyées par les wazalendo, des blessés affluent à l'hôpital CBCA Ndosho de Goma. Au 4 juillet 2024, cet établissement sanitaire compte plus de 1193 admissions, soit environ 200 nouvelles admissions. Ce qui est l’équivalent de 4 fois plus de cas qu’en temps normal. 

Selon le chef du programme chirurgical du CICR qui appuie cet hôpital, les personnes blessées prises en charge proviennent des zones en guerre. Elles sont soit blessées par balle, soit par des éclats de bombes. 

« Depuis le début du mois d’octobre 2023, nous avons reçu plus de blessés que d’habitude. Avant, c'étaient les blessés de toutes les zones de la province, que ce soit de Beni, de Masisi ou ceux de Minova au Sud-Kivu. Mais aujourd’hui, des blessés proviennent beaucoup plus sur l’axe Sake, Mugunga … environ 20% sont des femmes et au moins 9% des enfants. Avec les collègues nous organisons ici la prise en charge gratuite et nous nous assurons qu’ils ont des soins et matériels qui les accompagnent dans leur guérison. Il y a malheureusement des blessés qui arrivent  déjà décédés soit pendant le transport, soit en arrivant à l’hôpital. Pas plus tard qu’il y a deux jours deux personnes sont arrivées déjà décédées et on ne pouvait rien faire », a expliqué à ACTUALITE.CD Emmanuel Kone, responsable du programme chirurgical pour le CICR à l’Est de la RDC.

Le programme chirurgical du CICR est exécuté dans trois hôpitaux à savoir, à Goma à l’hôpital CBCA Ndosho, à l’hôpital provincial de référence de Beni et l’hôpital provincial de Bukavu.

Parmi les blessés il y a aussi des femmes qui sont soit dépendantes des militaires, soit des civils qui sont rentrés dans leurs villages à cause des conditions de vie difficiles dans les camps.

« Je suis épouse militaire, mon mari est décédé à Mubambiro. Chez nous, c’est très loin, je viens du Kasaï. Mon mari qui m’a amené ici était tout pour moi. On avait déjà construit une maison ici à Mubambiro. Je ne pouvais pas fuir parce que je n’avais pas où aller avec les enfants étant donné que je n’ai pas de famille ici au Nord-Kivu. Les bombes sont tombées quand j’étais juste à la maison. Les éclats m’ont touchée partout, aux jambes, aux bras, vous pouvez voir même dans mon dos, ce sont de grandes blessures. Je ne sais pas si je vais survivre mais je profite pour demander au président de la République d’en finir avec la guerre », a dit, à ACTUALITE.CD, Mujinga Sarah, une femme blessée avec  larmes aux yeux. 

« J’étais dans le camp mais la vie est très difficile. Je suis rentré pour voir si je peux avoir même des feuilles de manioc mais difficile de rester parce que des bombes sont larguées et arrivent jusqu’à Mubambiro », ajoute une déplacée.

D’autres blessés sont les résistants wazalendo, blessés lors des affrontements dans le territoire de Masisi. Ils sont également pris en charge par le programme du CICR. 

Depuis quelques semaines, une accalmie s’observe sur les lignes des fronts près de Goma, dans les territoires de Nyiragongo et Masisi. Depuis fin, les affrontements ont été délocalisés à Lubero où le M23 a conquis les agglomérations de Kanyabayonga, Kayna, Miriki ou encore Kirumba. Ce territoire était jusque-là épargné de l’activisme du M23. L’avancée de la rébellion dans le Lubero a des implications stratégiques majeures, tant sur le plan militaire que humanitaire. La situation est d'autant plus préoccupante que des milliers de déplacés, ayant fui les combats dans des zones comme Rutshuru, Masisi et Walikale, avaient trouvé refuge à Kanyabayonga et ses environs. Avec la montée des hostilités, ces déplacés se retrouvent de nouveau contraints de fuir.

Yvonne Kapinga, à Goma