RDC: Joseph Albert cardinal Malula, 35 ans déjà !

Cardinal Malula
Cardinal Malula/Photo droits tiers

14 juin 1989 - 14 juin 2024, 35 ans se sont écoulés depuis que le cardinal Joseph Albert Malula est décédé à Louvain, en Belgique. Ses obsèques ont lieu à Kinshasa, le 18 juin de la même année, sous la direction de messeigneurs Eugène Moke et Tharcisse Tshibangu, évêques auxiliaires à l'époque.

Archevêque de Kinshasa depuis juillet 1964, Joseph Albert Malula est créé cardinal en avril 1969. Il va rester à la tête de l’église catholique de la RDC durant une vingtaine d'années jusqu’à sa mort. 

L’église catholique de Kinshasa lui rend un hommage appuyé à l’occasion du 35ème anniversaire de sa mort. Pour ce vendredi, il est prévu des visites : d’abord dans son musée, situé dans l’enceinte du complexe scolaire qui porte son nom, à Limete 13ème rue, ensuite à sa crypte à la cathédrale Notre Dame du Congo. Enfin, une soirée culturelle est au programme à Notre Dame de Fatima. Pour clore cette série d’activités, une messe d’action de grâce interviendra le samedi 23 juin à 10 heures, à la Cathédrale Notre Dame du Congo, et sera célébrée par le cardinal Fridolin Ambongo, Archevêque métropolitain de Kinshasa. 

Né à Kinshasa, ancien Léopoldville, le 17 décembre 1917. Fils de Remacle Ngalula et Jeanne Bolumbu, Joseph-Albert Malula est l'une des grandes figures de l'histoire moderne de l'Église catholique en Afrique noire. C’est l’un des personnages qui ont marqué l’histoire politique et religieuse du Congo. Il est aussi et surtout considéré comme l’un des fondateurs des Églises d’Afrique et une figure de la patristique africaine. Il faut aussi mettre à son actif : le père du rite zaïrois ou le pionnier par excellence de l’africanisation de l’Église sur le continent noir. 

A ce titre, monseigneur Jean Zoa du Cameroun le considérait comme « l’un des plus grands de ceux que ce siècle aura produit sur notre continent africain ». Et feu le cardinal Laurent Monsengwo, pour sa part, le qualifiait de « géant de l’histoire du Zaïre et de l’Afrique ».

Albert Malula était reconnu pour sa grande culture, son dynamisme apostolique, sa rhétorique qui forçait l’admiration, son zèle pastoral très appuyé, la verdeur de ses propos et sa vérité sans peur. « J’aimerai être crucifié pour la vérité que de crucifier la vérité », disait-il. Il est proclamé héros national par le gouvernement congolais en juillet 2010 lors de “l’année du cardinal Malula” entre le 20 septembre 2009 et le 20 septembre 2010 pour rappeler le 50ème anniversaire de sa consécration épiscopale et le 20ème anniversaire de sa mort. 

Parcours 

Il fréquente, de 1924 à 1929, l’école primaire Sainte-Anne, dirigée à l’époque par le père Raphaël de la Kethulle, qui exerce une influence décisive sur son avenir. Repéré par lui comme un élève doué, Albert Malula est envoyé en 1930 au petit séminaire de Mbata Kiela. 

En 1937, il entame des études post-secondaires au grand séminaire du Christ-Roi de Kabwe, au centre du pays. Il y étudie trois ans la philosophie et cinq ans la théologie. Durant sa formation, il développa rapidement un goût très prononcé pour la lecture, se plongeant dans les écrits des pères de l’Église, particulièrement d’Augustin, de Cyprien et Saint Thomas d’Aquin, de qui, il héritera l’esprit méthodique et rigoureux.

Il fut ordonné prêtre le 9 juin 1946 après ses études, avec son condisciple Moke. C’est durant ces années qu’il a commencé à se poser des questions aussi fondamentales que celle du rapport entre l’Église et la vie d’un peuple, celle du rôle du prêtre dans la vie d’un peuple ou encore celle sur le fait colonial. C’est ainsi qu'il voulait une église congolaise, dans un Etat congolais.

Comme évêque, nommé vicaire apostolique auxiliaire en 1959, tout juste avant l’érection de Léopoldville en diocèse et quelque temps avant l’indépendance du Congo, Joseph Malula devient archevêque de Kinshasa (nouveau nom de Léopoldville) en 1964. Troisième évêque après sa nomination comme premier évêque congolais de Kinshasa, Malula doit faire face à la vague des indépendances et à la tenue du Concile Vatican II, mais aussi à de nouvelles idéologies politiques africaines basées sur la revendication des identités culturelles traditionnelles.

Un exode massif et croissant des populations rurales vers les nouvelles agglomérations urbaines pose de nouveaux problèmes et réels défis, ainsi que la mise sur pied de la dictature du président Mobutu, la montée fulgurante  de la pauvreté et autres maux. Ces soucis,  obligent la nécessité de l’africanisation de l’Église. Cette vision de Malula socio-politique de l'Église est réprimée par le pouvoir imposant de Mobutu. Il est à cause de cela, victime de campagnes d’intimidation et poussé à l’exil, à Rome. 

Il a créé une communauté religieuse féminine « les sœurs Thérésiennes de l’Enfant de Kinshasa ».  Et a pris position en matière de justice sociale et en faveur des droits des femmes, des hommes et des pauvres. Il a construit le petit séminaire Jean-Marie Vianney, le séminaire propédeutique qui porte son nom, les grands séminaires de Philosophie et Théologie de Kinshasa. Il a construit des écoles et l’hôpital Saint Joseph. 

Dans le souci de pérenniser son œuvre, d’avoir une Eglise forte et dynamique, il a forgé et formé ses prêtres pour être des élites de la société. Il disait : « je veux un clergé spirituellement solide, intellectuellement fort et pastoralement engagé ». Proposant ainsi sa devise « ad majora natus sum » qui veut dire, le meilleur est ma destinée.

Après sa mort, le cardinal Malula est remplacé par Monseigneur Frédéric Etsou comme Archevêque de Kinshasa et/puis cardinal (1990-2007) après que Mgr. Eugène Moke a assumé l’intérim comme administrateur apostolique pendant quelques mois. 

Rizet Makizayila, stagiaire