Le Conseil supérieur de l'audiovisuel et de la communication (CSAC) en RDC envisage de réglementer la qualité des contenus diffusés sur les réseaux numériques à travers le pays. Il a lancé à Kinshasa, ce mercredi, une campagne de lutte contre la délinquance sur les réseaux sociaux, dans le but de promouvoir "la citoyenneté numérique". Cette campagne a débuté par la sensibilisation des entreprises de presse de la capitale et des influenceurs des réseaux sociaux.
Le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l'homme (BCNUDH), représenté lors de l'activité, a exprimé sa crainte face à la montée en flèche de la circulation de contenus violents, immoraux, racistes et relevant du discours de haine sur les réseaux sociaux ces derniers temps. Ces pratiques minent la cohésion sociale et mettent en danger la sécurité des populations, selon cette organisation de l’ONU, rappelant son attachement à la liberté d'expression, d'une part, et à la lutte contre le discours de haine, d'autre part.
Pour sa part, Firmin Mvonde, procureur général près la Cour de cassation, a rappelé les différentes infractions relatives à la diffusion de messages, notamment sur les plateformes numériques, que ce soit par les médias ou par d'autres utilisateurs. Ces faits infractionnels, qui peuvent concerner tout citoyen, incluent la diffamation, les injures publiques, la révélation de secrets professionnels, la propagation de fausses nouvelles, l'outrage envers les autorités, l'apologie du terrorisme et l'atteinte à la sûreté du pays.
Christian Bosembe, président du CSAC, a évoqué le flou conceptuel existant entre le journaliste et tout autre créateur de contenu numérique à l'ère des réseaux sociaux. Il a également déploré l'exacerbation de l'accès au métier de journaliste par des personnes non qualifiées et dont la plupart n'ont pas suivi de formation dans les écoles de journalisme. Craignant ce qu'il appelle « l'inactocratie », le président du CSAC a affirmé avoir pris cette initiative pour permettre à la population d'avoir accès à un récit médiatique basé sur l'avis d'experts et sur les véritables enjeux sociaux.
Quelques maisons de presse présentes ont reçu, ainsi que d'autres créateurs de contenu, un brevet de sensibilisation dans le cadre de cette campagne. Ce brevet encourage la promotion du débat constructif dans le respect des autorités publiques, de l’ordre public et des bonnes mœurs, tout en décourageant la critique envers l’armée et l’octroi de la parole à l’ennemi.
Bruno Nsaka