Ancienne journaliste, écrivaine-poétesse, jusqu’alors commissaire générale en charge de la coopération décentralisée de la francophonie et porte-parole de l’exécutif provincial de Kinshasa, Yolande Elebe Ma Ndembo connaît bien le secteur culturel de la RDC. Fort de cette connaissance, elle a été nommée ministre de la culture, arts et patrimoines dans le gouvernement de la Première ministre Judith Suminwa, en remplacement de Catherine Kathungu Furaha.
Un choix judicieux selon plusieurs culturels qui se réjouissent, qu’enfin, une personne qui maîtrise ce secteur prend la tête de ce ministère qui, autrefois a été considéré comme parent pauvre. Bien connue dans le monde littéraire particulièrement, Yolande Elebe a soutenu plusieurs initiatives, a écrit des livres, et est, depuis 2020, l’initiatrice de l’association Femme des lettres congolaises (Felco).
Elle se devra de mettre cette expérience au service de la culture du pays entier dans ses différentes manifestations dont les arts. Les principaux soucis du secteur culturel sont la mise en place d’une politique culturelle, la promulgation de la loi sur le statut d’artiste et la question des droits d’auteurs.
La politique culturelle définira les principes fondamentaux de la culture et des arts en RDC. C’est une volonté égalitaire qui se concrétise par deux politiques : la protection sociale pour les artistes et l'accès pour tous à la culture. La politique culturelle régit et détermine l’exercice de chaque discipline artistique, les limites et les droits de tous ceux qui œuvrent dedans. En octobre 2022, des travaux d’amendement de cette politique culturelle nationale se sont tenus au Musée national de la RDC. Cela a abouti à l’avant-projet de loi déterminant les principes fondamentaux concernant la culture et les arts que la ministre de la culture a porté au niveau du gouvernement.
La loi sur le statut d’artiste a pour objet de fixer les principes fondamentaux applicables aux professions artistiques et culturelles ci-après : l’artiste de spectacle, des arts visuels, graphiques et plastiques, de la mode, de la publicité, du mannequin, du technicien de l’entreprise culturelle et artistique et de l’entrepreneur culturel et artistique, y compris les agents d’artistes et de mannequins.
Cette loi vise la structuration et la professionnalisation des travailleurs du secteur des arts et de la culture, ainsi que leur intégration dans la sphère économique et sociale ; la reconnaissance de leurs organisations professionnelles et le droit pour eux de les constituer et d’y adhérer librement ; la garantie d’un régime juridique assurant leur protection sociale et protégeant les droits attachés à leurs professions.
Elle table également sur le contrat artistique et de la rémunération, la protection sociale et des dispositions fiscales, l’organisation professionnelle, du placement, des entreprises culturelles et artistiques, des licences et de l’exercice de l’activité d’entrepreneur culturel et artistique à titre occasionnel, des conditions de travail des enfants et respect de la dignité des femmes dans le spectacle, cinéma, les professions ambulantes, la technique, la publicité et la mode, ainsi que des dispositions pénales.
Yolande Elebe, une culturelle avertie
Rien que son nom suffit pour susciter des espoirs à juste titre pour la culture. Yolande Elebe fait partie d’une famille très culturelle. Son père, Philippe Elebe Ma Ekonzo, poète et dramaturge congolais décédé en 1996, a écrit une dizaine de recueils de poèmes et pièces de théâtre. Il était une personnalité de marque dans les lettres au Zaïre, chantre de l'authenticité et ancien PDG de l’Azap. Yolande Elebe est la sœur de Tiguy Elebe, Nick Elebe et Toony Elebe, tous bien connus dans le secteur littéraire pour leurs œuvres.
La nouvelle ministre de la culture, des arts et du patrimoine a grandi au milieu des livres et des journaux. Elle a été initiée à l’écriture et la philosophie par son père dès son plus jeune âge. Elle a commencé sa carrière de journaliste en Afrique du sud en 1991, d’abord comme archiviste puis journaliste bilingue à Canal Afrique. Après la presse, elle fait environ 10 ans dans le monde d’entreprise, précisément dans les assurances et les mines.
Yolande Elebe a été conseillère socio-culturelle du gouverneur de la ville de Kinshasa, Gentiny Ngobila avant de devenir commissaire générale en charge de la coopération décentralisée de la francophonie et porte-parole du gouvernement provincial. Elle a été également coordinatrice adjointe du Collectif des Artistes et de Culturels (CAC) de la RD, Coordinatrice de la commission de suivi ville créative de l’Unesco pour la ville de kInshasa, coordinatrice des points focaux du comité panafricain des comités de mobilisation pour la journée mondiale de la culture africaine et afro descendante.
Il est à mettre à son actif également, le secrétariat de la commission spéciale de la coopération entre Brazzaville et Kinshasa. De multiples casquettes, elle sait les porter, et pour la cause culturelle. Ce qui lui a valu des distinctions telles que les prix Mwasi ya Bwanya et Mikanda Awards en 2017, le prix Lokumu en 2018, le prix femme de mérite des femmes en 2019.
Dans le secteur littéraire, Yolande Elebe a été souvent choisie pour faire partie des membres du jury des prix littéraires. Elle l’a été pour le prix Makomi, prix européen de la littérature congolaise, prix littéraire Zamenga, prix Lokumu éditions 2020.
Kuzamba Mbuangu