Mutamba face au défi de redresser une « justice malade », « tache d'huile » du premier quinquennat de Félix Tshisekedi

Constant Mutamba.
Constant Mutamba

Constant Mutamba Tungunga a été nommé ministre de la Justice dans le nouveau gouvernement de la Première Ministre Judith Suminwa Tuluka, succédant à Rose Mutombo. Né le 24 avril 1988 à Luputa, Mutamba est un jeune qui ne cache pas ses ambitions.

Ancien candidat à la présidentielle et député national, Mutamba n'avait pas réussi à obtenir le poste réservé à l'opposition au sein du bureau de l'Assemblée Nationale. Se considérant comme faisant partie de l'« opposition républicaine », il avait déjà exprimé sa volonté de participer au gouvernement en cas de nouvelle ouverture promise par le Chef de l'État.

Leader du mouvement DYPRO et candidat au poste de porte-parole de l'opposition politique, Mutamba est connu pour ses critiques envers ce qu'il perçoit comme l'incohérence des autres opposants. Il a notamment critiqué le mouvement Ensemble pour la République de Moïse Katumbi pour leur démission récente du gouvernement sortant et leur refus de partager le bilan de l'Union Sacrée de la Nation. Il a aussi dénoncé leur appel à l'annulation des résultats des élections de décembre 2023 et leur boycott de la plénière inaugurale de l'Assemblée Nationale.

Député, Mutamba a rédigé plusieurs propositions de loi, notamment sur l'octroi de parcelles aux jeunes entrepreneurs et aux couples mariés, la criminalisation de l'homosexualité, l'interdiction de l'exportation des minerais congolais à l'état brut, la création d’un parquet économique et financier spécial, et la déchéance de la nationalité congolaise pour haute trahison et terrorisme.

Le nouveau ministre de la Justice fait face à de nombreux défis. Le plus grand chantier concerne l'impunité des crimes économiques, notamment les soupçons de détournement et de blanchiment de capitaux. De nombreuses personnes sont détenues depuis des années sans régularisation de leur détention, simplement parce qu'elles ou leurs familles n'ont pas satisfait aux exigences pécuniaires des magistrats. La lenteur de la justice, les délais rarement respectés et l'interférence de certaines autorités politiques sont également des problèmes majeurs qui impactent l'indépendance de la magistrature.

Le Président Félix Tshisekedi a souvent exprimé son insatisfaction concernant l'état de la justice en RDC. Il a notamment déclaré l’année dernière : « J’ai besoin d’une justice qui est correcte, qui est efficace. C’est sur cette justice que nous bâtirons l’État de droit que nous voulons. Cet État qui va transformer le Congo ». Tshisekedi a souligné que la justice pourrait être considérée comme la tache d’huile sur son premier quinquennat.

Mutamba devra également examiner le rapport de la Commission spéciale chargée de désengorger les centres pénitentiaires de Kinshasa, qui a révélé que plus de 1700 prévenus et détenus civils et militaires ont été libérés. Toutefois, le Centre pénitentiaire de rééducation de Kinshasa (CPRK) compte encore plus de 14 000 détenus, soulignant l'ampleur du défi à relever.