En RDC, les chiffres alarmants sur la sécurité des journalistes ont été mis en lumière lors de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le 3 mai, au Fleuve Congo Hôtel. L'événement, organisé par des entités professionnelles telles que l'Union nationale de la presse du Congo (UNPC), Journaliste en danger (JED), l'Association des médias en ligne (MILRDC), la Fédération des Radios de proximité du Congo (FRPC), le Partenariat pour la Protection Intégrée (PPI) et l'Observatoire de la Liberté de la Presse en Afrique (OLPA), a mis l'accent sur les défis auxquels les journalistes font face, notamment dans l'est du pays.
Jonathan Maghoma, membre du PPI, a dénoncé l'étouffement des journalistes dans l'est de la RDC, où plus de 80 d'entre eux ont été contraints de quitter leurs zones en raison des conflits armés et de l'insécurité. Beaucoup ont fui vers Goma, où certains travaillent sans être payés. Maghoma a indiqué que 6 journalistes de Moba, dans la province du Tanganyika, vivent sous la menace des autorités locales pour avoir animé une émission sur l'insécurité en février 2024. PPI a également noté que des journalistes ont été interdits d'assister au dépouillement des élections sénatoriales au Sud-Kivu. En 2023, PPI a documenté 84 atteintes à la liberté de la presse, dont 62 % dans l'est de la RDC. De janvier à avril 2024, 22 cas d'atteintes ont été enregistrés dans la même région. Trois journalistes du Sud-Kivu font actuellement face à la justice, accusés d'avoir fait leur travail pendant les élections.
Maghoma a salué le soutien d'Internews pour les formations destinées aux journalistes, en soulignant que les agents de l'État sont responsables de plus de 70 % des attaques contre les journalistes, selon PPI. L'organisation plaide pour l'encadrement des journalistes déplacés et leur formation en matière de sécurité physique et numérique.
Dans sa déclaration en marge de cette journée, Journaliste en danger (JED) a également exprimé ses préoccupations, déplorant la multiplication des actes de criminalisation des journalistes et la remise en cause de la liberté d'expression depuis le début du nouveau mandat de Tshisekedi, ce qui traduit, selon JED, une volonté politique de restreindre la liberté d'expression pour les médias libres et indépendants.