Levée du moratoire sur la peine de mort : « Il y a risque que les innocents soient condamnés à mort ou que la peine ne soit exécutée à cause d'une justice piégée par le trafic d'influence et la corruption » (Jonas Tshombela)

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Service infographie de ACTULITE.CD

La Nouvelle Société Civile Congolaise (NSCC) a exprimé sa préoccupation quant aux conséquences négatives qui pourraient découler de la levée du moratoire sur la peine de mort en République Démocratique du Congo. Dans une interview accordée à Actualité.CD, cette structure appelle le gouvernement à reconsidérer en premier lieu le système judiciaire et à résoudre les causes favorisant la trahison à la nation et le banditisme urbain.

« La décision du gouvernement ne va pas résoudre le problème dans la mesure où le magistrat suprême lui-même a reconnu publiquement que la justice de notre pays était déficiente. Une justice malade ne peut pas rendre une décision saine. Nous ne pouvons pas avoir confiance en cette justice-là, il y a un risque que les innocents soient condamnés à mort, et même que la peine soit exécutée, à cause d’une justice qui est piégée par le trafic d’influence et la corruption. Les conditions de travail de ces mêmes juges ne sont pas de nature à garantir une justice équitable. Nous pensons que la justice de notre pays a des problèmes ; il est nécessaire de la repenser avant d’appliquer la peine capitale en République Démocratique du Congo », a déclaré Jonas Tshombela, coordonnateur de la NSCC.

La Nouvelle Société Civile Congolaise demande également l’indépendance de la justice pour relever les défis auxquels le pays fait face.

« La meilleure recommandation pour le gouvernement, c’est de s’attaquer aux causes qui ont conduit ces personnes à trahir la nation et ces bandits urbains à s’en prendre aux populations paisibles. Tant qu’on ne s’attaquera pas aux causes qui poussent les gens à trahir la nation et à semer la terreur dans nos villes, et qu’on se contentera seulement de brandir la peine de mort, ils changeront de stratégies et nous n’atteindrons pas les résultats escomptés. Il faut repenser le système judiciaire du pays pour qu’il réponde aux attentes de la population. La justice de notre pays a toujours été sous l’influence de la politique ; si cette emprise pouvait être levée pour laisser la justice libre, nous pourrions alors espérer que les causes et les conséquences soient bien étudiées », a-t-il ajouté.

C’est depuis le mercredi 13 mars 2024 que le gouvernement congolais, par l'intermédiaire de la ministre de la Justice Rose Mutombo, a procédé à la restauration de la peine capitale en République Démocratique du Congo pour les traîtres au sein de l’armée et les bandits urbains causant la mort d’hommes.

Grâce Guka