Ituri : MSF suspend provisoirement son appui à l'hôpital de Drodro par manque de “garantie sécuritaire” pour les malades et son personnel

Vue à l'intérieur de la salle de la chaîne du froid à la base MSF de Bangabola. Une chaîne du froid performante est essentielle pour assurer la bonne température - et donc efficace - des vaccins pendant le transport et sur les sites.
Vue à l'intérieur de la salle de la chaîne du froid à la base MSF de Bangabola. Une chaîne du froid performante est essentielle pour assurer la bonne température - et donc efficace - des vaccins pendant le transport et sur les sites.

Deux semaines après l'attaque de l'hôpital général de référence de Drodro dans la nuit du 6 au 7 mars par les miliciens de CODECO, qui a entraîné la mort d'un patient dans son lit, Médecins Sans Frontières (MSF) a officiellement suspendu ses activités dans la zone de santé de Drodro, en territoire de Djugu, en Ituri.

Gérard Uparpiu, coordinateur du projet Réponse aux mouvements des populations dans la zone de Drodro, souligne que MSF ferme ses activités en raison du manque de garanties sécuritaires dans la zone et appelle au respect du droit international et humanitaire.

" Les attaques contre les civils et contre les structures médicales entravent l'accès aux soins de santé et à l'assistance humanitaire pour les populations de l'Ituri. Nous avons fermé momentanément nos activités à l'HGR de Drodro en raison du manque de garanties sécuritaires pour nos patients et nos agents. Il est essentiel de rappeler que les structures de soins sont des espaces protégés et ne doivent pas être l'objet d'attaques ou de pillage ; les civils doivent être épargnés et protégés contre toute forme d'attaque lors d'un conflit, qu'il soit mené par des groupes armés étatiques ou non-étatiques. L'aide humanitaire et l'accès aux soins doivent être facilités et sécurisés par toutes les parties au conflit. Les attaques délibérées contre les structures de santé et contre les civils constituent des violations du droit international humanitaire ", a-t-il indiqué, précisant que MSF pourrait revenir dans la zone si la situation s'améliore.

Il ajoute que :

" Les activités de MSF sont maintenues au camp de Rho, où MSF assure des soins de santé de base (consultations en ambulatoire), des soins de stabilisation, des soins de santé sexuelle et reproductive, un soutien en santé mentale et des services d'eau et d'assainissement, ainsi que le soutien au centre de Santé de Blukwa Mbi ".

En raison de la situation sécuritaire, MSF était confronté à des défis tels que la suspension des activités à l'HGR de Drodro, l'impossibilité de référencer les cas critiques par la route, l'absence d'accès physique aux centres de santé soutenus, un approvisionnement plus difficile et dangereux, ainsi que de graves conséquences sur l'accès des patients à des soins appropriés et de qualité.

"MSF appelle toutes les parties au conflit à respecter le droit international humanitaire et à garantir la protection des civils et de la mission médicale, à assurer l'accès aux soins en toute sécurité, et à garantir l'accès humanitaire et la sécurité des organisations humanitaires, à condition que la sécurité revienne dans la zone, car nous ne pouvons pas risquer des vies pour en sauver," conclut Gérard Uparpiu, coordinateur du projet à Drodro.

Près de 114 000 personnes sont touchées par cette suspension des activités à l'hôpital général de Drodro, où MSF est actif depuis 2019. Dans la province de l'Ituri, MSF soutient trois hôpitaux du ministère de la Santé, 12 centres de santé, trois postes de santé avancés et 20 sites de soins communautaires dans les zones de santé de Drodro, Angumu et Bunia.

Il est à noter que la situation sécuritaire dans cette zone reste précaire, ce qui a conduit au retrait de plusieurs organisations non gouvernementales de la zone par crainte pour la sécurité de leurs agents, en attendant le retour effectif de la paix.

Freddy Upar, à Bunia