Une nouvelle audience dans l'affaire Stanis Bujakera est prévue ce vendredi 23 février à la prison Makala. A la veille de ce rendez-vous, organisations de la société civile et de défense des droits de l'homme appellent à la libération "immédiate et sans condition" du directeur de publication adjoint d'ACTUALITE.CD et correspondant de Jeune Afrique.
Dans une déclaration intitulée "Appel de la société civile contre la répression et les arrestations arbitraires” rendue publique ce mercredi 21 février, Congo n'est pas à vendre, Panel des experts de la société civile, Asadho, Alerte-RDC, société civile forces vives, Lucha, Filimbi et Syfeddi estiment que lorsqu'un État traque des citoyens innocents, ses animateurs deviennent des "criminels" et doivent rendre des comptes au peuple, seul détenteur de la souveraineté.
"Il faut considérer d'abord que par rapport aux autorités judiciaires, notre appel est que plusieurs personnalités de notre pays qui ont été mises en cause pour des faits plus graves que ce qu'on reproche à Stanis Bujakera Tshiamala avaient obtenu à un moment donné la liberté provisoire et donc pour nous, nous considérons que accorder la liberté provisoire à monsieur Stanis Bujakera Tshiamala constitue l'équité parce que tous les congolais doivent être traités de la même façon", a dit à ACTUALITE.CD Maître Jean-Claude Katende de l'association africaine des droits de l'homme (ASADHO).
Et de poursuivre :
"Aux autorités politiques, nous considérons particulièrement le Président de la République dans le cadre des pouvoirs qu'il a d'impulser la justice, de suivre la justice pour que celle-ci soit équitable pour tout le monde, il peut intervenir pour que monsieur Stanis Bujakera Tshiamala recouvre la liberté provisoire et qu'il comparaisse comme étant un homme libre et que la justice après examen des faits qui sont mis à sa charge constate tout simplement que ces faits ne sont pas établis contre Stanis Bujakera Tshiamala et le libère".
Lors de la précédente audience, les avocats de Stanis Bujakera Tshiamala avaient dénoncé des influences parajudiciaires qui risquent de pénaliser leur client. C'est également l'avis de Maître Jean-Claude Katende. Selon lui, Stanis Bujakera est aux arrêts sur la volonté d'une catégorie de personnes.
"Nous avons toujours dit que le procès de monsieur Stanis Bujakera Tshiamala est entouré de beaucoup d'actions des trafics d'influence et aussi nous l'avons toujours considéré comme un procès politique en sorte qu'aujourd'hui si monsieur Stanis Bujakera Tshiamala est retenu ou continue d’être détenu en prison ce n'est pas parce qu'il aurait commis des faits qui soient répréhensibles par la loi congolaise mais c'est tout simplement parce qu' il y a des gens qui estiment qu'il faut qu'il reste là-bas parce que à un moment donné ou à un autre moment il aurait peut-être écrit des choses qui ont préjudicié ces personnes là. Dans le dossier il n'y a aucun élément sérieux qui puisse permettre à ce que Stanis Bujakera Tshiamala continue d’être maintenu dans l'état d'arrestation", a fait remarquer cet activiste des droits de l'homme.
Pour maître Jean-Claude Katende, il faut plutôt l’ouverture du procès sur le décès de Chérubin Okende afin de permettre à l'opinion de connaître le degré d'implication de Stanis Bujakera Tshiamala.
"Aujourd'hui le dossier de Chérubin Okende est en train d'être noyauté, nous aurions aimé que le procès de monsieur Chérubin Okende puisse être ouvert pour que par l'ouverture de ce procès qu'on comprenne effectivement le rôle que monsieur Stanis Bujakera Tshiamala aurait joué, au moins on va comprendre et rapprocher les deux affaires mais tant que l'affaire de monsieur Okende ne démarre pas on va rester dans le flou qui risque d'avoir un impact négatif sur le procès de Stanis Bujakera Tshiamala", a souligné Jean-Claude Katende.
Accusé d'avoir fabriqué et distribué une fausse note des services de renseignement affirmant que ces derniers avaient tué Chérubin Okende, Stanis Bujakera a été arrêté le 8 septembre à l'aéroport de Ndjili à Kinshasa alors qu'il s’apprêtait à embarquer sur un vol. D'abord placé en garde à vue, il a ensuite été transféré en prison le 14 septembre après avoir été inculpé de « propagation de faux bruits », « faux en écriture », « falsification des sceaux de l’État » et « transmission de messages erronés et contraires à la loi ». Ces accusations que les avocats de Stanis ont toujours rejetées.
Clément MUAMBA