Luc Lutala, Coordonnateur national de la Synergie des missions d’observation citoyenne des élections en RDC (SYMOCEL) s'est exprimé sur la décision de la Commission Électorale Nationale Indépendante autorisant "la poursuite du vote" dans les bureaux de vote qui en raison de divers problèmes n'ont pas pû fonctionner mercredi 20 décembre 2023. Pour cet acteur de la société civile et coordonnateur de cette mission d'observation électorale, cette décision démontre les difficultés rencontrées par la Centrale électorale sur le plan logistique mais aussi son incapacité à organiser la totalité des scrutins (ndlr : Présidentielle, législatives nationales, législatives provinciales et municipales) le même jour.
“Nous constatons qu'effectivement le rallonge des scrutins d'un jour jette un trouble sur les scrutins, ces troubles ils se posent sur le niveau du cadre légal mais aussi sur la surprise que cette annonce a sur les électeurs et sur leur capacité d'être mobilisé. Nous constatons plusieurs rapports qui nous remontent que beaucoup d'électeurs disent qu'on a été là hier donc aujourd'hui on ira pas. Nous constatons aujourd'hui que ce report justifie les difficultés que la Commission Électorale Nationale Indépendante a rencontrées sur le plan logistique et l'incapacité de la Commission Électorale Nationale Indépendante à organiser la totalité des scrutins le même jour et partout où les scrutins devaient se tenir. Ceci soulève également un problème sur la capacité de la Commission Électorale Nationale Indépendante à planifier correctement les scrutins”, a fait remarquer Luc Lutala devant la presse jeudi 21 décembre 2023 à l'occasion de la présentation partielle de son rapport sur le déroulement du vote.
Se projetant déjà à l'avenir pour avec les prochains cycles électoraux, le Coordonnateur de la mission d'observation de la Symocel estime qu'il va falloir accentuer le plaidoyer et veiller énormément sur la planification de la Commission Électorale Nationale Indépendante
“En tant que mission d'observation électorale, la question que nous nous posons c'est quelle est la cause qui a été à la base de ce que les scrutins ne se tiennent pas le même jour alors que la Commission Électorale Nationale Indépendante a toujours juré de tenir les scrutins le même jour. Problème logistique mais quelle est la cause de ces problèmes logistiques ? Pour nous, nous pensons que dans l'avenir, il va falloir accroître le plaidoyer et veiller énormément sur la planification de la Commission Électorale Nationale Indépendante et la Symocel a toujours relevé que la Commission Électorale Nationale Indépendante avait des sérieux problèmes de planification”, a indiqué Luc Lutala.
À lui de s'interroger :
“Maintenant quelle sera l'incidence de ce report sur le plan du droit ? Déjà qu'on estime que sur le plan de droit il n'y a pas de problème parce que c'est passé, est-ce que la Commission Électorale Nationale Indépendante a l'autorisation de déclarer une journée chômée ? Ça soulève encore des questions mais on constate cas même que la décision de la CENI inclus que les gens qui devraient travailler aujourd'hui ne vont pas aller travailler pour aller voter ça veut dire qu'il y a cas même des conséquences qui arrivent à partir de cette décision et ces conséquences on va les regarder sur le plan à la fois politique, sur le plan de la mobilisation des électeurs et puis est ce qu' il est sûre qu'avec un jour de rallonge tous les autres bureaux vont effectivement ouvrir? Ça reste l'autre pari à observer ça veut dire nous constatons que la Commission Électorale Nationale Indépendante se trouvait dans une situation où elle n'avait pas de choix que de prolonger mais est-ce que elle l'a fait de la façon dont il fallait le faire ? Est-ce qu'il ne pouvait pas anticiper ? Ça soulève énormément de questions”.
Depuis l'adoption de la nouvelle constitution en 2005,la République Démocratique du Congo vient d'organiser son quatrième cycle électoral. Si des doutes ont plané depuis plusieurs mois quant à la tenue des scrutins, la CENI a tenu à respecter son calendrier malgré les défis logistiques et financiers. La CENI a pu obtenir "in extremis" l'appui logistique notamment des Forces armées égyptienne et des FARDC en plus de l'importante aide de la Monusco qui a permis d'acheminer les kits dans les zones à accès difficiles à travers le pays.
Après le vote, la Commission Électorale Nationale Indépendante envisage de proclamer les résultats provisoires de la présidentielle d'ici le 31 décembre. Ensuite s'ouvrira l'étape du contentieux électoral devant la Cour constitutionnelle qui à son tour devra confirmer ou infirmer les résultats publiés par la Commission Électorale Nationale Indépendante. Le nouveau Président de la République va prêter serment le 20 janvier 2024 selon le calendrier de la Centrale électorale.
Clément MUAMBA