Le film documentaire "En RD Congo, traduire un criminel de guerre devant la justice" a été projeté ce mercredi 6 décembre à l'hôtel Fleuve Congo à Kinshasa. Ce court métrage de 14 minutes, poignant et percutant, retrace la réponse judiciaire apportée par la justice militaire congolaise et la Monusco, la mission des Nations unies en RDC, face aux crimes de guerre commis entre le 30 juillet et le 2 août 2010 par le chef rebelle Ntabo Ntaberi Sheka et ses troupes. Durant cette période tragique, 387 femmes de tous âges ont été victimes de viols, accompagnés de centaines de meurtres brutaux, notamment par décapitation, dans 13 villages des territoires de Masisi et Walikale, dans la province du Nord-Kivu.
Le documentaire met en lumière ces atrocités parmi les plus horribles jamais perpétrées dans l'est de la RDC. Les images exploitées par la justice dépeignent la barbarie des hommes décapités, leurs têtes exhibées dans les villages par les éléments de Sheka pour semer la terreur.
L'un des moments les plus choquants relatés est le massacre terrifiant du village de Luvungi, ayant suscité l'indignation nationale et internationale. Cela a contribué à affaiblir Sheka, qui s'est rendu à la Monusco, puis a été remis à la justice militaire congolaise.
Le procès, malgré les menaces proférées par Sheka contre les témoins, s'est tenu entre le 27 novembre 2018 et le 23 novembre 2020, aboutissant à la condamnation du bourreau à la prison à perpétuité pour crimes de guerre et viols.
Le général Mutombo Katalayi, premier président de la Haute Cour Militaire, estime que ce film reflète une collaboration exemplaire entre la Monusco et la justice militaire congolaise dans la lutte contre l'impunité des crimes de guerre et les violations massives des droits de l'homme.
"Cette œuvre cinématographique témoigne de la volonté de l'État congolais de combattre l'impunité des crimes internationaux, en coopération avec des organisations internationales et la société civile, pour instaurer l'État de droit dans notre pays", a déclaré le général Mutombo Katalayi.
Cependant, malgré ces avancées, la RDC demeure aux prises avec des actes de barbarie et de crimes de guerre, perpétrés par de nombreux groupes armés locaux et étrangers, particulièrement dans l'est du pays. Les massacres de 171 civils à Kishishe par les rebelles du M23, appuyés par l'armée rwandaise en novembre 2022, sont restés sans enquête pour établir les responsabilités, des crimes relevant du droit international.
Cette projection vise à sensibiliser contre l'impunité persistante des crimes de guerre et à promouvoir la justice pour les victimes de ces atrocités insoutenables.
Bruno Nsaka