Pas de rapprochement direct entre les candidats à la présidentielle congolaise, mais une série de messages transmis via des meetings publics.
Lors d'un rassemblement populaire lundi 27 novembre à la place de l'Indépendance de Bukavu, Moïse Katumbi a appelé Denis Mukwege à rejoindre ses rangs pour renforcer les chances de l'opposition à la présidentielle prévue en décembre.
"Je demande à mon grand Docteur, suivez-moi, nous sommes en train de construire la nation. Dites au docteur Mukwege de se joindre à nous...", a dit l’ancien gouverneur.
Deux jours plus tard, la réponse de Denis Mukwege a été énigmatique, exprimée lors d'une conférence de presse à Bukavu. "Pourquoi pensez-vous que je devrais le rejoindre ?", a-t-il répondu à un journaliste, avant de revenir sur les motivations de sa candidature. Mukwege a mis en exergue son engagement pour la paix en RDC, pointant du doigt l'absence de projets de paix chez les autres candidats: « Pour être clair, j’ai décidé de porter ma candidature comme une mission. Ma mission, c’est la mission de la paix. Pour aujourd’hui, je n’ai pas vu un candidat qui a présenté un projet de paix pour la RDC. Je continue à croire qu’avec le peuple que sans la paix on ne peut rien faire. Tous nos voisins sont en train de faire le développement chez nous, sauf chez nous parce que nous n’avons pas la paix ».
Le médecin et activiste a également abordé le processus de délégation à Pretoria, soulignant que les conclusions devraient être discutées entre les candidats présidentiels, regrettant que certains se soient autoproclamés avant ces discussions: « La délégation n’était pas allé faire des nominations en Afrique du Sud. Lorsque les délégations travaillent, c’est pour avoir les conclusions au sommet, donc les candidats ».
Il a reproché à Katumbi un manque d'honnêteté, soulignant l'importance de l'unité nationale dans ces moments critiques: « Ils ont fait leur travail. Normalement, on devrait se réunir au niveau des candidats président de la République pour analyser le travail et décider. Malheureusement, ils sont rentrés à Kinshasa vendredi et le lendemain, il y avait déjà des gens qui s’étaient auto-proclamés et qui ont mis Martin Fayulu, moi et Sesanga complètement à côté de la course ».
Le Prix Nobel est amer et il ne le cache pas: « Je pense que nous devons être honnêtes dans ce que nous faisons. Le pays a besoin d’unité nationale pour faire face aux difficultés. On n’a pas besoin de division, on n’a pas besoin de manipulation. On a besoin d’être sincères. Cette discussion au sommet n’a jamais eu lieu, mais les gens se sont autoproclamés. Aujourd’hui, ils disent qu’ils tendent la main. Je pense que ce n’est pas correct ».
Devos Kitoko, secrétaire général du parti de Martin Fayulu, embrayé dans le même sens : « Ils nous ont tendu un guetapens à Pretoria pour nous arnaquer politiquement. J'alertais maintes fois sur cette mafia politique à la sicilienne que les amis d'Ensemble et LGD organisaient politiquement. L'amour pour le Congo et la résistance Fayuliste m'ont permis de les bloquer ».
Du côté de Katumbi, on relativise ces déclarations en soulignant les contraintes de temps entre Pretoria et le début de la campagne électorale. Olivier Kamitatu, directeur de cabinet de Katumbi, a expliqué que chaque candidat suit son propre agenda, mais a insisté sur la volonté d'un rassemblement commun : « Entre Pretoria et le laps de temps de démarrage de campagne le temps était extrêmement court, a expliqué Olivier Kamitatu, directeur de cabinet de Moïse Katumbi. La campagne a démarré, chaque candidat allant avec son calendrier et son agenda […]. Il est clair que ce sont des candidats et des présidents des partis politiques pour certains. Et la décision doit être prise non pas par des candidats seuls mais par des machines politiques. Ce qui explique également le temps tout à fait compréhensible, mais la volonté des uns et des autres d’un rassemblement, d’un candidat commun reste d’actualité ».
En 2018, on savait déjà ce stade que deux blocs s’étaient formés: celui qui portait la candidature de Félix Tshisekedi et celui qui soutenait Martin Fayulu. Aujourd’hui, 12 jours après le début de la campagne électorale, Martin Fayulu, Moïse Katumbi et Denis Mukwege ne sont pas encore prêts à designer celui qui a plus de chance de battre Félix Tshisekedi dans une élection à un seul tour.