Comme le 7 octobre jour du dépôt de sa candidature, il a revêtu une tenue blanche. Toujours comme le 7 octobre, il est accompagné de son épouse Denise Nyakeru. Comme ce jour-là, il affiche une combativité rare. Il se positionne aux côtés du peuple contre divers antagonistes. Il se dresse aux côtés du peuple face à Joseph Kabila, qu'il accuse de trahison, le forçant à rompre l'alliance FCC-CACH. Il se présente avec le peuple contre Paul Kagame, qu'il qualifie de malveillant, d'agresseur. Il se positionne également aux côtés du peuple contre "les candidats de l’étranger".
Adieu Fatshivit!
Avant de rejoindre la foule, il s'est recueilli à N’sele, au mausolée de son père, Etienne Tshisekedi, dont il a hérité la direction de l'UDPS, mais aussi les deux principaux cris de ralliement bien connus de la 10ᵉ rue : "le peuple d'abord" et la "lutte pour l’État de droit".
Au Stade des Martyrs, une foule enflammée l’acclamait à son arrivée. Souriant et combatif aux côtés de son épouse, il est monté sur le podium, loin de la timidité de 2018. Ici, pas besoin de "Fatshivit", cette vitamine politique concoctée en 2018 par Vital Kamerhe. Depuis, les dynamiques ont changé ; Kamerhe a mis son rêve présidentiel entre parenthèses. De candidat à la présidence, il est devenu directeur de cabinet de Felix Tshisekedi, puis ministre de l’Économie avec le rang de vice-premier ministre, en passant par la case prison. Aujourd’hui, sa place n’est pas sur ce podium. D’ailleurs, Félix Tshisekedi occupe toute la scène. Il paraît très à l'aise, déambulant et remplissant l’espace avec aisance. Comme le 7 octobre, il discrédite encore davantage l’alliance avec son prédécesseur. Il loue ceux qui ont rejoint « l’Union sacrée" et se vante des "acquis" des trois dernières années, des avancées à consolider. De la gratuité de l’enseignement de base à la maternité gratuite, il semble fier de son bilan. Pourtant, le public, bien qu'acquis à sa cause, souligne l’inflation galopante. Il n’ignore pas ses murmures. Tout en maitrise, il promet d’expliquer ultérieurement ses solutions. Ici, il adopte l’esprit et le style kinois, avec des expressions comme "ko rond-point", signifiant stagner.
La remontada
Un an plus tôt, au début de la guerre contre le M23 soutenu par le Rwanda, un de ses conseillers avait prédit en privé que cette guerre serait la "remontada du régime".
Comme anticipé, il a également critiqué Paul Kagame, responsable selon lui des violences au Nord-Kivu : « J’ai tendu la main à Paul Kagame, je lui ai dit qu'on sera à jamais voisins et qu’on doit travailler ensemble. Il m’a trompé. Quand j'ai ouvert les yeux, j'ai décidé que c’était fini entre nous. Nous ne nous retrouverons qu'au ciel pour que Dieu nous juge ».
Les candidats de l’étranger
Ce thème n’est pas si nouveau. L’UDPS l’avait déjà utilisé contre Joseph Kabila avant le scrutin de 2018. Pour la campagne de cette année, les cibles sont différentes.
« Les candidats étrangers cherchent à nous maintenir dans l’esclavage. Soyez prudents. Soyez vigilants. Ils ne peuvent même pas nommer celui qui nous agresse à l'Est. Ils prétendent mettre fin à la guerre dans six mois. C’est faux », a-t-il déclaré.
Sa campagne ne se limite pas à son bilan, il bat campagne également contre ses adversaires. Ainsi, il s'en prend à ceux qui promettant de coopérer avec les voisins : « Ceux qui parlent de collaboration avec les voisins sont des candidats de l’étranger. Ils veulent nous asservir ». Il critique également les anciens dirigeants qui sont candidats : « Ils promettent de construire, mais rien n'a été fait. Ne les suivez pas. Ils veulent vendre l’avenir de notre pays aux étrangers. »
Cette allocution a été diffusée en direct sur la télévision nationale, arborant les couleurs de Felix Tshisekedi et appelant au vote en sa faveur. » Le tout est diffusé en direct sur la télévision nationale parée de nouvel habillage aux effigies du candidat Tshisekedi.